tag:blogger.com,1999:blog-91400982444956503062024-03-04T20:40:41.659-08:00katchaliseur"Ces balades d'un jour, on s'y lance sans savoir comment on en reviendra, et on en revient sans savoir comment on y est allé. On y retournera."
Jean Prod'hom - Margeskatchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.comBlogger24125tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-38550939090324081882018-04-01T01:11:00.002-07:002018-05-18T09:34:34.346-07:00aujourd'hui on reste ici pour toujours<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDVXjCgcygJt1-mqdIdIq_dukBvhP8Y0_O2zVeUfePi73LNUvilauEuUmJuUCNW2qBe57MgV3KaN8v5-2krI4XNnvv-kTnCQljR16LzVe0S6g5MBk3dJ-SPfSf7oHy9r9M2wHnoKkT-gw/s1600/2018+est+lanc%25C3%25A9+099.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDVXjCgcygJt1-mqdIdIq_dukBvhP8Y0_O2zVeUfePi73LNUvilauEuUmJuUCNW2qBe57MgV3KaN8v5-2krI4XNnvv-kTnCQljR16LzVe0S6g5MBk3dJ-SPfSf7oHy9r9M2wHnoKkT-gw/s320/2018+est+lanc%25C3%25A9+099.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
S'il fait encore jour, je vais à la fenêtre et je guigne de l'autre côté de la route, histoire de voir s'il est là, à régner sur sa parcelle, à côté du chêne et du peuplier-tremble.<br />
<br />
Belle amitié que celle de cette échasse à plumes avec ces stoïciens de bois.<br />
<br />
C'est un peu bête, mais quand je ne devine pas sa silhouette, un petit manque de rien du tout vient flotter un moment dans ma poitrine.<br />
<br />
Tout ça pour un héron, ce serait pas un peu con, me dira-t-on.<br />
<br />
Sans doute. Sans doute.<br />
<br />
C'est qu'il me donne l'impression, souvent, d'être le seul des êtres m'étant un refrain à ne pas chuchoter, dès que j'ai le dos tourné, ces mots que Natalia Ginzburg avait choisis pour Pavese: <i>"il lui restait en effet, parmi les choses à conquérir, la réalité quotidienne."</i><br />
<br />
Peut-être que je devrais me remettre à regarder la télévision.<br />
<br />
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<br />
<br />
<i>"Un petit tour à pied avant d'aller se coucher pour se dégourdir les pattes, la truffe et les capteurs. Je sais que c'est bientôt terminé, je ne ressens aucune tristesse. J'absorbe encore plus intensément et globalement tout ce que je vois / ai vu / traversé avec mon corps. Ceci est mon corps. J'en fais un bon tapis dans le fond de mon cœur, bien souple, bien fourni comme on construit un tas de bois pour l'hiver, tout bien rassemblé mais avec de l'air dedans. Ceci est mon corps."</i><br />
<br />
L'après-midi dominicale était grisouille, alors j'avais terminé quelques livres commencés, empilés près du lit-bateau, côté jura ou côté fabrique, selon le degré d'inspiration poétique du regard, de son humeur.<br />
<br />
L'extrait ci-dessus a été grappillé dans "Patience des fauves", de Sandrine Cnudde, sous-titré "réseau d'affûts en territoire poétique". Je l'ai déniché l'été dernier, à Sète. Je l'ai traversé à petites lampées, chacune réjouissant mon gosier et me donnant envie de marcher, d'écrire et d'aimer les paysages côtoyés, ceux composés d'arbres et d'oiseaux autant que ceux en capilotade sur pas mal de visages croisés pendant mes vadrouilles hebdomadaires.<br />
<br />
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<br />
M'étant dit que je n'avais rien écrit par ici depuis un moment, j'ai picoré quelques notes dans mon carnet en jachère.<br />
<br />
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<br />
Patti Smith, décrivant sa table de travail dans "M train", parle de <i>"débris d'écrivain"</i>. Me concernant, il serait plutôt questions de "copeaux de lecteur".<br />
<br />
- me reviennent alors en tête les splendides morilles que Luca m'avait cuisinées il y a quelques années; elles étaient nées d'un tas de copeaux dispersés devant chez lui. Pas d'autres prétentions que celle-ci, à savoir que mes heures en compagnie de livres accouchent parfois de petits champignons de mon crû, à faire revenir sans tarder et à déguster en toute amitié. -<br />
<br />
Je me suis ainsi souvenu avoir sauvé une parcelle d'une journée d'assistant-régie dans le <i>Cube </i>de Philipp Morris en lisant des chroniques de Mario Rigoni Stern: il y avait soudain d'autres cols à franchir que ceux des réglementations du commerce international; des langues qui se mélangeaient plutôt que de se noyer en anglais; des mollets et du souffle plus utiles que des badges pour explorer les environs.<br />
<br />
Je me souviens avoir pensé, regardant courbettes et autres préciosités en vigueur à la réception, que ce défilé aseptisé illustrait de triste manière ce que dit Marielle Macé en parlant de ses élèves :<br />
<i><br /></i>
<i>"J'essaie de partager avec eux la conviction qu'une phrase, c'est toujours une proposition de vie"</i>.<br />
<br />
J'aime mieux sa résonance dans ces propos d'une petite fille, à Chambrelien, au moment où le train s'arrête avant de repartir en sens inverse pour reprendre la bon aiguillage. Elle était avec ses parents, toute contente (elle avait, quelques minutes plus tôt, agité la main en disant <i>"Salut Neuchâtel, à bientôt"</i>):<br />
<br />
<i>"Peut-être qu'on pourrait dire qu'aujourd'hui on reste ici pour toujours."</i><br />
<br />
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katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-47524270956402744632018-01-28T12:45:00.000-08:002018-01-28T12:45:21.449-08:00Donne-moi la flûte et chante<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br /></div>
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="270" src="https://www.youtube.com/embed/VSfG75iWECo" width="480"></iframe></div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-16922947167640225962018-01-11T22:02:00.000-08:002018-01-11T22:02:02.729-08:00Une décharge d'âme à ciel couvert<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqPegG1h3eU-5qllDNaOwVpDnhwcESKpG_yJRSM6v-52vDvxgLGrq0XyrmS6udRVhuRbee-nUBcroIKFGfRCJsNwwy6-Wpjlb3K-cq_7KFor1ecI9jtlZSLr2UV6VZWarIbWpEGFMBlrA/s1600/20180101_120514.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqPegG1h3eU-5qllDNaOwVpDnhwcESKpG_yJRSM6v-52vDvxgLGrq0XyrmS6udRVhuRbee-nUBcroIKFGfRCJsNwwy6-Wpjlb3K-cq_7KFor1ecI9jtlZSLr2UV6VZWarIbWpEGFMBlrA/s320/20180101_120514.jpg" width="320" /></a></div>
<br />
Il parlait sept langues et avait eu trente-huit guitares, mais maintenant, il voulait juste boire sa bière. Désolé. Il avait été un grand musicien, avec piano et batterie, mais là, il voulait juste boire sa bière. Désolé. Après il allait nous donner un peu de quelque chose, parce qu'il aimait partager, mais il y avait d'abord cette bière qu'il fallait bien s'envoyer. Désolé.<br />
<br />
Il parlait sept langues, ja deutsch, sicher, and español, et le français, oui mon ami, mais Chuuuuut. Il avait eu 38 guitares, elles avaient fait un avec lui et sa vie, alors du coup il avait trop gratté les cordes tendues dans sa tête, mais Chuuut. Il avait dû taper aussi très fort sur la caisse de résonance de son cœur, qui s'était fissurée jusque dans son regard, mais Chuuut.<br />
<br />
Après s'être rapproché, il a commencé à jouer, puis à chanter, un medley surtout en espagnol et en anglais qui, si on se concentrait, était plutôt une sorte de yogourt inspiré.<br />
<br />
Sa voix était comme ses yeux, tantôt un cri, tantôt un murmure; toujours dentelée de larmes.<br />
<br />
Sa tête et sa poitrine étaient un ouragan, ses doigts des morceaux d'écorces courbaturés. Des <i>Ha Ha Ha!</i> au <i>Olé!</i>, il exagérait gentiment pour nous captiver et que l'on soit quelques instants les phares le maintenant du côté des vivants.<br />
<br />
Il tentait de se délester, ne serait-ce qu'une misérable poignée de minutes qui ont fini par être presque deux heures, de la cargaison de boue et de poussière qu'il trimbalait.<br />
<br />
Puis il y a eu la lumière du portugais, l'affleurement des prières de l'aube. D'abord <i>Guitarra toca baixinho</i>, que sa maman lui avait apprise. Puis <i>Povo que lavas no rio</i>, sur les ailes d'Amalia. Il a fini avec <i>Amor perfeito</i>, de Roberto Carlos.<br />
<br />
Et là, sur ces trois morceaux dans sa langue, il n'y avait plus de masques ou de faux-semblant, plus d'excès, juste de la tristesse et des regrets qu'il suspendait avec des pincettes de désespoir, sachant très bien que jamais ça ne sécherait. Que plus jamais ça ne cesserait.<br />
<br />
C'était vertigineux de beauté fragile fracassée. Une décharge d'âme à ciel couvert.<br />
<br />
Quand on est repartis du buffet de la gare de Chambrelien, avec Vale, on était deux amoncellements de chair de poule sur pattes.<br />
<br />
Le jour précédent, Benoît m'avait envoyé <a href="http://plus.lapresse.ca/screens/cc852006-2a35-487a-bc46-e8077f88a1dd%7C_0.html?utm_medium=Ulink&utm_campaign=Internal+Share&utm_content=Screen" target="_blank">quelques chroniques de Foglia</a>, une micro-anthologie à l'occasion de la dernière parution sur papier de La Presse de Montréal, où il avait sévi pendant des décennies.<br />
<br />
La première, "T'es belle", qui date de début 1981, est un modèle du genre, mais c'est à la troisième, une chronique sous forme de journal moscovite, publiée en janvier 1992, aux balbutiements de la libéralisation des prix, que j'ai alors pensé.<br />
<br />
Après avoir picoré des saynètes comme il savait si bien le faire, constatant que malgré l'évidence des difficultés et des inégalités, ce n'était pas la débandade, que <i>ça </i>tenait, Foglia disait qu'il croyait qu'on appelle ceci la culture, et qu'eux, ces laissés pour compte, savaient mieux que les intellectuels de chez nous à quoi servait la culture: à vivre.</div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-23138064167833038432017-12-10T22:45:00.000-08:002017-12-15T22:25:15.824-08:00petite virgule sur une page blanche<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<br />
<br />
Alors que j'entamais la boucle par l'Arnon, j'ai aperçu la Lulu en train de se débattre avec tout ce blanc que la nuit avait déchargé devant chez elle. Vu l'état de ses pieds, difficile de savoir comment elle tient debout, en temps normal; là, le trottoir n'était que neige et glace, mais elle s'activait et n'en démordrait pas, il fallait bien que quelqu'un le fasse.<br />
<br />
Juste avant, la Cri-Cri m'avait dit que quand les flocons s'en donnent ainsi à cœur joie, elle peut <i>"rester une heure à regarder par la fenêtre, comme une bécasse. </i><i>Pareil l'autre jour chez Cathy, avec le festival d'oiseaux qu'il y a dans leur vieil arbre à pruneaux. Un tas de mésanges qui se chamaillaient, t'aurais dû voir ça."</i><br />
<br />
Une image qui m'avait rappelé le tableau vivant observé ébahi, une heure plus tôt, sortant du kiosque mes journaux sous le bras. Savait-elle pourquoi Diable quatorze oies s'en allaient en direction de Neuchâtel, soit à l'est ?!? Elle n'en avait pas la moindre idée.<br />
<br />
A table, devant son café, elle m'a dit ne pas encore s'être remise de la mort de Giorgio, retrouvé étendu sur un sentier, près de chez lui. Il était sorti pour une des deux marches quotidiennes qu'il effectuait afin d'activer son cœur, après une opération délicate. Ne le voyant pas revenir, sa femme avait donné l'alerte.<br />
<br />
Son mari reposait par terre, petite virgule sur une page planche; comme Robert Walser à Noël, en 1956, année où la Cri-Cri a emménagé au village. Il y a donc bientôt 62 ans qu'elle vit dans sa bicoque mal foutue. Ciel.<br />
<br />
Giorgio, qui était pour moi Mr G., est un des habitants de Champagne avec qui j'ai le plus discuté, ces dernières années. On se croisait souvent, lors de nos vadrouilles respectives dans les environs; je prenais notamment des nouvelles d'un de ses fils, avec qui j'ai joué au foot. Monsieur G. n'était pas très heureux de la tournure que prenait la zone où nous vivons, qui déploie des ambitions en phase avec celles des entrepreneurs à succès de la Fabrique voisine.<br />
<br />
J'avais la douceur de son visage et de sa voix en tête, quand j'ai fait la boucle par l'Arnon, glissant six œufs dans mon sac en passant devant le self-service du brave gaillard ayant assurément un prénom bonnard, mais que la Cri-Cri, soit mon annuaire du village, appelle tout le temps <i>"l'employé de Steve."</i><br />
<br />
Sur l'éclairage du terrain d'entraînement, quatre corneilles toisaient les environs. Les arbres des alentours pointillaient le paysage déguisé en monochrome.<br />
<br />
On se plaint toujours de ne pas avoir le temps, mais nous <i>sommes </i>le temps; c'est ce que m'avait écrit Dominic, relayant les propos d'un de ses amis. J'avais lu sa missive quand le jour était encore distant de plusieurs tours de cadran.<br />
<br />
J'y repensais en brassant les cartes de la semaine, les morts ultra-médiatisées de Johnny et Jean d'Ormesson se superposant à la cérémonie dans l'intimité souhaitée par la famille G.; un superbe documentaire sur Pedro Lenz questionnant le livre d'un professeur de sociologie s'étant essayé à la fiction; les premières pages de "L'homme de l'hiver", de Peter Geye, faisant écho à plusieurs autres de mes lectures de la rentrée; un <a href="http://lemurduson.ch/fabrizio-cammarata-of-shadows/">article </a>sur une découverte musicale fredonnait aux côtés de mots encore à venir sur Michel Bühler.<br />
<br />
Je ne sais pas si nous sommes le temps, mais nous sommes en tout cas ses couleurs et son épaisseur, quand nous sommes seuls autant que quand nous sommes à plusieurs.<br />
<br />
En prendre soin s'éloigne alors sans doute du grand spectacle creux et obscène que les écrans nous infligent en continu, show permanent qui est assurément une des nourritures de choix de ces "porcs" dont les réseaux affichent quelques museaux.<br />
<br />
Le cocktail tant admiré du pouvoir et de la célébrité n'est-il pas la pire et la plus nocive des boues que l'on puisse imaginer?!?<br />
<br />
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<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="270" src="https://www.youtube.com/embed/hpdOgIr2cJ0" width="480"></iframe>
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katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-33032600574736734252017-11-04T23:13:00.001-07:002017-11-04T23:13:37.449-07:00Anouar Brahem – Blue Maqams<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="270" src="https://www.youtube.com/embed/M4Kh985eJGU" width="480"></iframe>katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-54540729076520536742017-10-31T23:59:00.001-07:002017-11-10T22:05:16.377-08:00un vieux chaudron en livres<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
Dernier week-end d'octobre, premier dimanche aux contours et au contact de l'heure d'hiver. Je suis allé courir dans les ultimes soupirs du jour, passant par les Vernes, le Trésy, les Pâquis. Pris de cours par l'obscurité, j'ai dû laisser tomber le retour par le bord de l'Arnon, où je risquais de perdre une cheville. J'ai donc continué jusqu'au Clos du Pont, à Péroset, puis j'ai longé la route pour regagner la ligne droite bétonnée, à travers champs sur deux kilomètres, avec un énorme hangar agricole à chacune de ses extrémités. Je côtoie alors la Condémine, passe par en Bayard, souri aux Moqueuses avant de frôler les Chevalenson et la Palette.<br />
<br />
Ces noms, pour une bonne partie, je les découvre à l'instant grâce à la carte de la région. J'ai de plus en plus la sensation intime que le monde s'élargit grâce aux mots, grâce au soin qu'on leur prodigue, à l'attention qu'on leur porte. Ils permettent de mieux arpenter nos paysages, <i>por dentro e por fora</i>, dirait la langue portugaise, cette merveille plurielle dont nombre d'inflexions vibrent dans ma poitrine.<br />
<br />
<i>"Mes crises d'enfant relevaient d'une affaire sérieuse et ancienne: la langue. Je me devais d'en découvrir une tranchante comme un jugement, ayant la précision d'une griffe mais aussi la patience d'une condensation. Intelligente, et qui aurait l'ambition de s'étendre d'est en ouest et d'investir le moindre creux, la moindre aspérité, les moindres fissures et autres crevasses invisibles à l’œil nu dans mon village."</i><br />
<br />
C'est Kamel Daoud qui l'écrit, dans "Zabor", un livre qui brasse colère, frustrations, illuminations, incantations et bien d'autres brûlures; il les brasse dans un très vieux chaudron non pas en cuivre mais en livres, en quelques livres que le narrateur découvre, déchiffre laborieusement avant de les relire, de les re-relire, puis d'en inventer ayant pour titres ceux figurant à la fin des ouvrages ayant infusé en lui.<br />
<br />
Au printemps dernier, j'ai passé chez Marcel et Yvette des heures qui par moments oubliaient de tourner, ou alors qui le faisaient en épelant tellement chaque minute qu'elles en devenaient de longues phrases bégayées, obsédées et obsédantes, hésitantes et hésitées. Il fallait lâcher, accepter de changer de peau et de souffle pour entrer en résonance avec la vie de ces nonagénaires chancelants. Avec leurs ombres et leurs lueurs; avec leurs intérieurs: leur intérieur meublé et leur intérieur démembré, celui qu'ils tentaient souvent, sans succès, de rapiécer.<br />
<br />
Pendant ces séjours à leur domicile, un livre m'a été particulièrement précieux, par ce qu'il éclairait autant que par ce qu'il acceptait du flouté de l'existence, quand la folie s'invite et s'incruste: Les conversations entre Jean Oury et Marie Depussé. Le premier a fondé la Clinique psychiatrique de la Borde, la seconde y a passé beaucoup de temps, à écrire, à lire, à aimer, à vivre avec cette assemblée de fous qui voulaient qu'on les appelle ainsi, plutôt que malades.<br />
<br />
C'est dans le Matricule des anges du mois d'octobre que j'ai appris qu'elle était décédée l'été dernier. Je l'ai su grâce à une chronique somptueuse de Xavier Person; il y mentionne notamment les échanges avec Oury, mais aussi une silhouette étrange et attachante croisée dans un petit hameau des Cévennes. Un type vivant dans <i>"une maison minuscule, à peine une maison"</i>, qui se poste tous les soirs en haut d'une route, pour écouter France Culture qu'il ne capte pas de chez lui.<br />
<br />
Cette chronique est parfaite, dans son équilibre, dans son souffle, dans les portes qu'elle entrouvre, discrètement, sur les cagibis de nos vies; ces paragraphes nous rappellent qu'il ne faut peut-être pas grand-chose pour en faire des malles aux trésors.<br />
<br />
Dimanche matin, on a embarqué la Cri-Cri pour aller voir "Yéniche inouï", dans lequel Stephan Eicher éclaire les liens entre musique tzigane et musique populaire suisse, en profitant pour rappeler quelques moments peu glorieux de l'histoire nationale helvétique.<br />
<br />
Arrivés à Orbe tout excités, on a tout de suite pu déchanter: c'était complet. On a donc décidé de rentrer en prenant notre temps, histoire de s'en mettre plein les mirettes. Notre bande-son était "L'art de la fugue", de Bach; c'était de circonstances de se laisser bercer par une composition inachevée.<br />
<i><br /></i>
<i>"Y a quelques jours, j'ai regardé par la fenêtre pis j'ai su qu'c'était la bonne heure. J'ai appelé Bernard pour lui dire qu'il fallait qu'il arrête séance tenante tout ce qu'il faisait et qu'il vienne m'embarquer pour faire la route de la cathédrale." </i>nous a dit la Cri-Cri.<br />
<br />
<i>"Quelle cathédrale?!?"</i>, a alors demandé Vale.<br />
<br />
<i>"La nôtre. En tout cas la mienne : le bois de Champagne. Il est toujours beau, mais il y a deux moments dans l'année où il est particulièrement splendide. Au basculement de l'automne, et au printemps quand le vert est, j'sais pas trop comment dire, quand il est comme plus tendre que d'habitude. Alors là."</i><br />
<i><br /></i>
<i><br /></i></div>
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katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-48691144077530492872017-10-16T00:49:00.001-07:002017-10-29T21:17:02.243-07:00ce guet de pierre qui nous scrute<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
L'automne m'a d'abord tiré une langue de brouillard depuis le lac, il y a quelques semaines, alors que j'étais dans le train m'emmenant à la Tchaux, à hauteur de Cofrane. Il n'avait pas encore commencé à changer les couleurs de sa toile, celle où nous fourmillons sans cesse plus ou moins attentivement, pas celle où nous nous saluons d'un coin du globe à un autre, l’œil rivé à un écran; par contre le froid, par contre l'humide.<br />
<br />
Et puis, quelques jours plus tard, de violentes bourrasques; un coup de hache pour bon nombre d'arbres des environs. Se balader au bord de l'Arnon s'est vite mué en un parcours d'obstacles parmi des débris plus ou moins imposants.<br />
<br />
<i>"C'est que la bise ne leur fait pas de mal, même quand elle est glacée, parce qu'elle est régulière. Mais là. Et puis ce n'est pas nouveau que nos paysans se foutent complètement de leurs vergers. Les abres, c'est pas leur truc."</i><br />
<br />
La Cri-Cri m'assénait ses vérités en buvant du café. Elle était d'humeur maussade, à la frontière troublée des saisons, alors elle mordait un peu tous ceux qui passaient par le tamis de ses paroles. Elle distribuait des notes; pas grand monde qui passait l'année.<br />
<br />
Par moments, elles ne se parlent plus, avec la Lulu, sa voisine "potagère", sans qu'on sache vraiment pourquoi, si ce n'est qu'elles ont des tronches dures comme du caillou, des tronches que les coups de burin du temps, avec leurs lots de disparition, ont fait craqueler, parfois; jamais céder. Toujours à trimer, dedans et dehors; toujours à montrer qu'on donne le change, aux autres, puis avec soi s'arranger comme on peut, en serrant le poing dans le tablier, en s'écoutant si peu que le corps devient ce long hurlement silencieux qu'on tente de calfeutrer tant mal que mal.<br />
<br />
En lui préparant le p'tit déj, j'avais repéré qu'elle avait entouré un des avis mortuaires, dans la "feuille" de samedi. J'apprendrai plus tard, avant qu'elle s'enflamme en nous parlant de la fête d'Unspunen regardée à la télévision, avec tout le monde qui chante, <i>"ces Suisses-allemands, c'est quand même autre chose que les Romands, quand il s'agit d'être ensemble et de faire la foire"</i>, j'apprendrai plus tard que la dame, femme d'un cousin de mes oncles, n'était pas décédée du fait de son âge, non, mais d'un AVC, à soixante ans, sans qu'on sache si elle a eu le temps d'une ultime pensée pour sa Thaïlande lointaine, dont elle avait réussi à saupoudrer de nombreux sourires par Moudon et environs.<br />
<br />
Mon père ne feuillette pas les avis mortuaires, lui, ça ne lui servirait d'ailleurs pas à grand chose, à Teboulba, ce bled tunisien si peu chaleureux, mais le téléphone a sonné il y a peu, remplissant sa demeure démesurée, cette bâtisse qui toussote sa maladroite folie de grandeurs. C'était la femme d'un ami qu'il ne voyait plus depuis quelques années, à cause d'elle. Elle lui annonçait, plusieurs mois plus tard, le décès de son mari. Il a bouclé avec encore un peu plus d'ombre dans le cœur et le regard.<br />
<br />
Ayant appris qu'un autre de ses amis, mal en point depuis longtemps, était tout proche de la fin, il est venu en Suisse lui poser une main sur l'épaule. Une caresse qui lui a permis de sentir que les métastases avaient gagné et que la douleur prenait de plus en plus de place. Un contact qui fût le dernier, Alfonso cessant de respirer pratiquement dans l'élan de ce geste qui tentait d'effacer la distance, les incompréhensions et les non-dits; un geste qui essayait de dire que c'était autre chose qui avait compté et resterait.<br />
<br />
<i>"Eh ben votre père, il était pas reluisant"</i>, me dira la Cri-Cri. <i>"Il a pris un sacré coup de vieux."</i><br />
<i><br /></i>
A qui l'dis-tu, la vieille. Un coup de massue courbant une silhouette déjà rattrapée par l'horloge que les années nous accrochent autour du cou; qui prend du poids, du poids.<br />
<br />
Comme il n'a pas pu rester assez longtemps pour aller à la cérémonie confidentielle en hommage à son ami, je suis allé rejoindre la petite assemblée. On a écouté un curé plus illuminé qu'inspiré, ce qui lui donnait une tonalité presque grand-guignolesques. J'ai souri comme je pouvais à la magnifique photo d'Alfonso qui siégeait au milieu de plusieurs bouquets de tournesols. Il y était fidèle à l'image que j'en garderai, clope à la main et air malicieux; avec beaucoup de cicatrices et de fatigue dissimulées.<br />
<br />
Nombreuses étaient les étincelles de souvenirs scandées par ces pétales d'un jaune fredonnant l'après, le mystère, la douleur, l'éphémère et la beauté parfois amère de ce grand brassage et de son évaporation inéluctable.<br />
<br />
Samedi dernier, traversant à vélo les splendeurs de l'arrière-saison et la douceur qui les accompagne, je suis passé embrasser Meri. Elle vit avec des absences et un manque d'envie qui prennent beaucoup de place et encombrent son espace vital. Mais il y a quand même toujours beaucoup de lumière quand on se retrouve les deux.<br />
<br />
En repartant, j'ai repensé à ce qu'elle m'avait dit, ce printemps, en découvrant sur ma table un livre de Garcia Lorca: <i>"C'est quand on est arrivés en Suisse que j'ai pu le lire. On en avait entendu parler, de loin, bien sûr, mais... Enfin tu vois ce que je veux dire." </i><br />
<i><br /></i>
J'ai décidé à ce moment que j'allais enfin regarder "Nostalgie de la lumière", de Patrício Guzman, un documentaire sur le désert d'Atacama, sur les étoiles qu'on y voit mieux que nulle part, sur les restes de restes de disparus chiliens qu'on piétine peut-être sans le vouloir, sur ce passé qu'on triture et qui nous triture plus souvent qu'on le souhaiterait.<br />
<br />
Avant de traverser le pont qui signale l'entrée du village, j'ai longé un champ, derrière le "hangar à Fofo", ce hangar devant lequel flotte deux drapeaux, suisse et portugais, que le vent semble toujours prendre un malin plaisir à grignoter; dans ce champ: une dizaine de hérons slalomant paresseusement entre des vaches indifférentes. Non loin se trouvent des parcelles où nous allons allègrement glaner des patates et des carottes, ainsi que des vergers nous régalant de pommes et de poires, entre autres.<br />
<br />
J'ai pris une grande bouffée de ce qui émane de ces images: des symboles nationaux ridiculisés par le vent; des oiseaux cohabitant avec des bovins peu farouches; de la terre donnant de quoi se sustenter sans que cela doive nécessairement être chiffré.<br />
<br />
En arrivant devant la maison, il y avait Bernard et la Poupette qui bavardaient; passaient dans leurs paroles le bois de Champagne, des petites bestioles peu amènes et d'autres propos rappelant combien nos existences sont de minuscules miettes tombées sur une table trop grande; tout à coup quelqu'un décide que ça commence à bien faire, ou alors juste un coup de vent, ou tout juste un moineau, et hop! salut bonne nuit.<br />
<br />
Je suis monté me faire du thé avant de visionner ces heures sur le Chili, où la gravité et la lucidité s'entremêlent en soupirs et poésie.<br />
<br />
J'ai pensé à la Barbara d'Amalric, dégustée dans un Capitole encore plus immense d'être vide.<br />
<br />
J'ai écrit dans ma tête une chronique sur trois livres que je viens de traverser, dans lesquels coulent de brumeuses rivières qui se confondent avec les veines et déveines de leurs narrateurs.<br />
<br />
J'ai embrassé Violeta Parra, la plus puissante des rencontres faites de l'autre côté de Frère Océan.<br />
<br />
Avant d'aller me coucher, je suis sorti prendre une bouffée de la fraîcheur nocturne. Il faisait clair. On distinguait la roche du Mont-Aubert, cet œil de rapace qui veille sur le lac et au-delà, ce guet de pierre qui nous scrute depuis un voisinage de l'au-delà.<br />
<br />
Je lui ai piqué une plume.<br />
<br />
Envie d'être son messager.</div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-22097264648993888412017-04-26T18:37:00.003-07:002017-04-26T18:37:45.209-07:00avec tous ces nuages dedans<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfbHz0_VPK_Ix033NgSzGEYxEtOBzfYpEG0CKj9Rf_581_xBLlvCTeOIyR5_XNXq0IN1uyZnqVo_9KjyREAod_lPv60OldFXDld6cieEFQ6cy7yagvOK6NLVcc-_0t9pjIktXH48czlwQ/s1600/yep+018.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfbHz0_VPK_Ix033NgSzGEYxEtOBzfYpEG0CKj9Rf_581_xBLlvCTeOIyR5_XNXq0IN1uyZnqVo_9KjyREAod_lPv60OldFXDld6cieEFQ6cy7yagvOK6NLVcc-_0t9pjIktXH48czlwQ/s320/yep+018.JPG" width="240" /></a></div>
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<i>"Et dans ce geste de lire, on peut toucher du bout des doigts </i></div>
<div style="text-align: left;">
<i>le cœur dissimulé qu'un autre avait tenté d'y écrire."</i></div>
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<i><br /></i></div>
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Tieri Briet<i>, fixer le ciel au mur</i></div>
<br />
<br />
Au moment de rentrer à vélo, après quelques heures à repeindre l'abri, au jardin chez mon oncle, on s'est dit qu'on n'allait pas aller droit au but, mais plutôt profiter de cette belle fin d'après-midi pour faire une boucle le long de l'Arnon.<br />
<br />
Arrivés en haut du Cotabon, on a vu la Cri-Cri et la Lulu, venant chacune de son jardin, s'asseoir exactement en même temps, l'une à côté de l'autre, sur un petit muret. Chorégraphie parfaite. On n'a pas résisté et on s'est arrêtés, récompensés par l'histoire de la Lulu et de papy Charly, une amourette de montagne qui s'était transformée en idylle au pied-du-jura.<br />
<br />
<i>"C'était trop court, mais il avait des problèmes de cœur. Il avait dix-sept ans de plus que moi. On s'est aimé de 79 à 85."</i><br />
<br />
Lulu l'évoquant avec encore des chatouilles dans le ventre et la Cri-Cri répétant<i> "c'est vrai qu'il était gentil ce papy Charly"</i>.<br />
<br />
<i>"Je l'ai rencontré quand j'étais aux Diablerets avec mon p'tit fils. J'avais bien vu qu'il me regardait, ce p'tit bonhomme. J'me suis dit qu'il irait bien avec moi, parce que pour pas grand, il était pas grand. Pis une fois il s'est décidé à me demander si je voulais aller voir son joli buisson de fleurs. J'y suis allé. Pis là il m'a demandé si j'avais envie de voir son joli appartement. Je m'suis dit qu'j'étais bonne, que ça chauffait. Et pis voilà, après il est venu habiter ici, mais ça n'a pas duré assez longtemps. C'est comme ça."</i><br />
<br />
La Cri-Cri disait à Vale <i>"c'est trop joli. Tu verras qu'mon artiste, y va écrire ça en rentrant"</i>.<br />
<br />
Elle avait presque raison, je l'ai fait quelques jours plus tard, au milieu d'une nuit chez le couple Y. Un endroit qui m'est un refrain pour quelque temps, puisque j'y assure, avec trois autres personnes, une présence en continu.<br />
<br />
Mr et Mme Y ne voient et n'entendent presque plus rien. Lui a qui plus est des problèmes de démence, variables mais conséquents.<br />
<br />
Quand j'y suis, je réalise encore plus combien l'écriture, même furtive, même anecdotique, offre un point d'appui sur le réel. Un rebond et une caresse. Noter certaines fulgurances ou certaines béances patinent différemment le temps qui n'en finit parfois pas de ne pas passer et permet de prendre un peu de recul avec les moments plus délicats.<br />
<br />
L'attention aux mots, des siens et des autres, confère une épaisseur au réel et à la relation, alors que la vulgarité et l'arrogance ne parviennent qu'à les salir.<br />
<br />
Il n'y a qu'à regarder à quoi ressemble la présidentielle française.<br />
<br />
J'aime mieux sauver quelques paroles de monsieur Y:<br />
<i><br /></i>
<i>"Quand on devient malvoyant, on commence à voir des choses qui n'existent pas."</i><br />
<i><br /></i>
<i>"J'ai entendu parler de moteurs qui sont chargés de charger les oreilles."</i><br />
<i><br /></i>
<i>"Le ciel a l'air de vouloir se résorber, avec tous ces nuages dedans."</i><br />
<br /></div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-91260250084553636572017-04-05T22:11:00.002-07:002017-04-09T00:03:53.869-07:00comme on n'oserait plus<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqFtikMV0uilrSQUT99DLiKpkI3NDTz_rB45giJ19hwWGhVD-AR87JiljcH5JiFCWGnMzDdCS8E1f8DOyQ0VwhpALc1uDwcqxRr5TftlinIQPcgZyZUqQSVjT6XbiAW9wqBRcVHLOCBmk/s1600/yep+005.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqFtikMV0uilrSQUT99DLiKpkI3NDTz_rB45giJ19hwWGhVD-AR87JiljcH5JiFCWGnMzDdCS8E1f8DOyQ0VwhpALc1uDwcqxRr5TftlinIQPcgZyZUqQSVjT6XbiAW9wqBRcVHLOCBmk/s320/yep+005.JPG" width="320" /></a></div>
<br />
Elle avait envie de viser Combremont. Pour une fois, c'était elle qui allait faire une tournée en enfance. Juste avant d'y arriver, elle nous a raconté que c'était son grand-père Gottfried qui avait quitté la Suisse-allemande pour venir ici, sa femme enfantant pas moins de quatorze fois.<br />
<br />
Maintenant, il est dans un angle du cimetière, Gottfried, sous un cyprès qui mesure plusieurs mètres.<br />
<br />
Un peu plus loin, il y a tante Anna et tante Emma, respectivement 94 et 91 ans.<br />
<br />
<i>"Ben moi, j'vais pas arriver jusque là, mais j'm'en fous"</i>, a dit la Cri-Cri, qui soufflera ses 84 bougies cet été.<br />
<br />
Il y a aussi Berta, <i>"qui n'a vraiment pas été gentille avec moi"</i>. (Maintenant que je l'écris ici, je me demande si ce n'est pas à son enterrement que ma maman a reçu une gifle pour avoir osé cette déroutante vérité d'enfant: <i>"Pourquoi est-ce qu'il y a des gens qui pleurent, elle était tellement méchante, cette dame?!?"</i>)<br />
<br />
Je me suis arrêté devant la tombe des époux Parriaux, amusé de voir inscrit <i>Instituteurs </i>juste sous leurs noms.<br />
<br />
<i>"C'est lui, c'est eux qui m'ont fait aimer la musique. Elle, c'était une pianiste virtuose. Pis lui, c'était un prof comme on n'oserait plus. Quand on jouait au foot, c'est tout juste s'il me disait pas de bouger mon cul."</i><br />
<br />
Parlant de musique, elle ne passera pas <i>"L'Octave"</i>, au nom prédestiné, sous silence, <i>"c'est lui qui m'glissait un franc de temps en temps, mais en cachette, parce que si la Berta avait su, y se s'rait fait ruper. C'était une calure, il a été secrétaire communal des années. Il aurait voulu être notaire, mais son père a dit que comme ils avaient de la terre ici, il devait rester ici. C'est chez lui que j'ai entendu mon premier gramophone. Du Bovet." </i><br />
<br />
Elle a ensuite chantonné quelque chose, peut-être "La Marche des petits oignons" ou alors "La fanfare du printemps". Elle a levé la tête, signalant que <i>"les pinsons s'en donnent à cœur joie"</i> ce qui lui a rappelé que <i>"l'oncle Maurice nous envoyait chercher les petits corbeaux pour les cuisiner. C'était délicieux. Tante Anna, c'est les petits blaireaux et les petits renards qu'elle nous a appris à manger."</i><br />
<br />
En mettant au propre, un mois plus tard, les notes prises ce jour-ci, je sens à nouveau parfaitement ses yeux et sa voix humides, quand on a débouché au sommet d'une colline d'où on avait un coup-d’œil panoramique sur tout ce qui s'offre au regard depuis certains endroits du Jorat:<br />
<i><br /></i>
<i>"Cette vue, j'm'en souviens. Pas tant du fait qu'on a eu froid et faim, pis qu'on devait sortir pour aller aux toilettes, mais cette vue, oui, c'est ça qui m'a le plus manqué, quand on s'est installés à Champagne. Pourtant maintenant tu sais combien je l'aime, mon pied-du-jura."</i><br />
<i><br /></i>
Elle a d'abord pensé au Château de Vuissens, pour croquer une morce, mais quand on y est arrivés, que j'ai vu l'accoutrement des clients, j'ai proposé qu'on opte pour un chouilla moins guindé.<br />
<br />
Alors on est allés à l'Étoile de Combremont, et on a rudement bien fait. La Cri-Cri nous a encore réservé quelques sorties dont elle a le secret, me disant que j'avais <i>"la pissotière en déroute"</i>, quand je m'éclipsais pour aller au petit coins, et disant à Vale, contemplant ses cheveux, qu'elle adorait son <i>"aguillée de sicstus."</i><br />
<i><br /></i>
On en était au café quand sont passées devant nous une de ses amies de classe et sa sœur. Émotions à la buvette, dirait l'autre. Elles ont tchatché un p'tit coup, rien de trop, mais la Cri-Cri était de nouveau dans tous ses états.<br />
<br />
<i>"Vous savez que les deux, enfin surtout la sœur, c'était une sacrée bombe quand elle était jeune. Pas beaucoup d'mecs qui se retournaient pas sur son passage, j'peux vous dire."</i><br />
<i><br /></i>
Elle n'a pas ajouté que c'était tout pareille pour elle, mais moi je le sais, de même que la fois où celui qui deviendra son Georgy et mon grand-papa ira jusqu'à Zürich (en montant d'abord à Ste-Croix, histoire de se chauffer) pour la voir (elle y était fille au paire), espérant bien passer alors aux choses sérieuses, mais il n'aura au bout des coups de pédale même pas le droit à un baiser appuyé, elle prenant la fuite dès qu'il commencera à avoir les mains trop baladeuses.<br />
<br />
Il tentera à nouveau sa chance, ils officialiseront tout ça, pis alors Clé-Clé, Boule, Kojak, Hédi, Nicole, Leila, moi, Sindy, Lolo, Habiba, Lucie, Zied et Dalil; série en cours.</div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-72972662655301837172017-03-19T01:13:00.001-07:002017-03-19T01:13:45.476-07:00Moran - Merveilleux (vidéoclip officiel)<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="270" src="https://www.youtube.com/embed/ROz4rnLqgPk" width="480"></iframe>katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-70646560815195450232017-02-19T22:42:00.001-08:002017-03-25T23:06:05.844-07:00autant que sa petite forme lui permettait<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVMAiUa3jeY6yMCkwjr-QupCobk1vJbSswZMKkHeUSCIAG2s6fXVgTe48ePlLR1WCj1WsEou8NwqaS0_qrDdYgLgq-2Z3_OYsuDiB873u9jySw-4_8vStK9-4GkemFnARdfKKYOQJy2sQ/s1600/Wadi+Rum+and+friends+181.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVMAiUa3jeY6yMCkwjr-QupCobk1vJbSswZMKkHeUSCIAG2s6fXVgTe48ePlLR1WCj1WsEou8NwqaS0_qrDdYgLgq-2Z3_OYsuDiB873u9jySw-4_8vStK9-4GkemFnARdfKKYOQJy2sQ/s320/Wadi+Rum+and+friends+181.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
<br />
Elle avait petite mine, quand je suis arrivé, comme souvent ces derniers temps. Notamment le fait de kilos perdus qu'elle n'arrive pas à reprendre. Mais elle avait décidé qu'il fallait qu'elle s'active, et puis il faisait beau, alors elle allait viser l'Arnon.<br />
<br />
<i>"Tu fermeras pas en partant, si j'suis pas encore de retour."</i> m'a-t-elle lancé en sortant. Je passais pour fouiller dans mes piles de livres, dans son ancienne épicerie, tentant de débusquer quelques passages à même de s'inviter dans un texte où devraient s'ébrouer quelques librairies.<br />
<br />
J'ai glissé ceux que j'avais trouvés dans un sac, puis l'ai rejointe alors qu'elle n'avait pas encore atteint le jardin. <i>"T'aurais pas oublié tes lunettes à soleil, par hasard?!?"</i> Elle a levé la tête avec sa main droite en guise de visière, m'a pris par la taille avec son bras gauche, souriant autant que sa petite forme lui permettait.<br />
<i><br /></i>
<i>"T'inquiète pas pour moi, j'suis pas foutue pour autant."</i><br />
<br />
On s'est mis en marche, s'arrêtant quand elle voulait me dire quelque chose, vu qu'elle a de plus en plus de peine à souffler. On a dépassé le nouveau quartier du village puis le terrain de foot. On longeait le verger de Lény quand elle m'a montré deux arbres, en bordure d'un champ, sur l'autre versant de la route.<br />
<br />
<i>"Non mais t'as vu la dégaine de c'poirier?!? Pis ce cerisier-ci, c'est celui qui nous a donné notre dernier kirsch. Ils sont sur une parcelle à Steve, mais il se fout complètement des arbres; qu'est-c'que tu veux qu'j'te dise."</i><br />
<br />
On a traversé la rivière, tourné à gauche. On s'est demandé si l'énorme tas de sable, à l'orée de la petite partie boisée où elle aimait tant venir <i>"avec le grand-père et les gamins"</i>, allait servir pour la construction de la future école. Elle a continué à m'expliquer quelle parcelle appartenait à quel paysan. Elle m'a dit aussi qui était le propriétaire de la "petite forêt". <i>"Tu sais, le monsieur qui travaillait au CERN, qui a un bateau à Grandson et des cheveux tout blancs."</i><br />
<br />
On avançait lentement. On marchait autant dans l'espace que dans le temps. Sur le sentier d'aujourd'hui s'invitaient entre autres quelques couleuvres croisées bien souvent, il y a trente ans.<br />
<br />
<i>"C'est celui-ci des quatre noyers qui donne les plus grosses noix. Mais faut être malin pour en ramasser, quand elles commencent à tomber. Les promeneurs sont pas benêts, ils passent avant moi. "</i><br />
<br />
Un peu plus loin, elle m'a glissé: <i>"Ici, c'était l'endroit préféré de ta maman. Si tu savais le nombre de bouquins qu'elle y a lus."</i><br />
<br />
A quelques pas d'une dense "barrière" d'arbres et de buissons <i>"où une chatte ne retrouverait pas ses petits"</i>, comme me dira la Cri-Cri, la figure de l'Absente se détachait soudain du décor, accompagnée du doux soupir de l'Arnon. Un cours d'eau qui, au terme d'une semaine où la neige jurassienne avait conséquemment fondu, courait vite rejoindre un lac qui n'en demandait pas moins.<br />
<br />
<i>"Le suicide est certainement la ligne ultime sur laquelle peut venir s'écrire la liberté humaine. Elle en est peut-être le point final." </i>Dans "La barque silencieuse", le sixième volume de son "Dernier royaume", Pascal Quignard rappelle que le droit de mourir, tout comme l'amour fou, ne sont pas inscrits dans les droits de l'homme. Parce que <i>"ces possibilités humaines sont trop extrêmes"</i>. Pour notre maman, c'était plutôt une sorte d'impossibilité humaine qui était devenue trop extrême. Parfois les deux se chevauchent.<br />
<br />
La Cri-Cri s'est étonnée qu'il n'y ait pas un seul canard dans les parages. <i>"Il y en a normalement toujours plusieurs couples, au moment des amours."</i> C'est vrai, mais même si ce samedi était de toute beauté, il n'en restait pas moins un samedi de mi-février. Le printemps n'était donc encore pas tout à fait à l'heure du jour.<br />
<br />
Quignard, dans ce même livre:<br />
<br />
<i>"La mort qui vient n'a nullement à être fuie comme le prétend l'absurde morale tonique, positive, religieuse des modernes. La mort a sa saison, qui n'est pas plus rebutante que les autres. Quand la saison de la mort est là - ce que tout le monde appelle hiver - il arrive que le ciel recoure de nouveau au bleu intense."</i><br />
<br />
Depuis quelques mois, la Cri-Cri répète souvent qu'elle est prête. Quand notre paternel était de passage dans les parages, elle lui a dit: <i>"Tu sais, Hédi, je suis prête."</i><br />
<br />
De temps en temps, quand on la taquine, avec Bernard, elle répond de suite: <i>"Je suis prête."</i><br />
<br />
Jeudi après-midi, je suis parti à la recherche de "Leïlah Mahi 1932" avec Didier Blonde. Il y enquête au sujet d'une photo troublante, sur une tombe qui ne l'est pas moins, au Père Lachaise. Il écrit ceci, à la page 94: <i>"Au carrefour des imaginaires, je m'étais mis à rassembler peu à peu les pièces d'un puzzle dépareillées. Pris dans un carnaval d'identités, je dressais le catalogue de ses différentes incarnations."</i><br />
<br />
La Cri-Cri, elle, aura été d'un seul et unique tenant. Un bloc qui s'est bien adouci depuis que sa fille a finalement réussi à quitter une vie qui lui pesait trop, mais un bloc quand même.<br />
<br />
Fille illégitime, femme, épouse, mère, amante (si peu), épicière, jardinière, tout cela avec quasiment pas de place pour le secret ou l'improvisation. Faire, faire, faire. La sainte trinité de la justification éternelle.<br />
<br />
En l'esquissant, ici et dans mes carnets, j'ai l'impression de confectionner une sorte d'herbier de l'arbre hyper-actif (plutôt un vieux frêne, ce bois si nerveux) qu'elle aura été, s'étant plantée elle-même au pied de ce jura (<i>"Vous pouvez bien vous foutre de moi, dès que je le vois pas, il me manque."</i>) qu'elle aime tant.<br />
<br />
Quand je suis dans ses parages je tente d'être, en notant et pianotant, le baromètre de la Cri-Cri; d'autant plus que celui de sa cuisine commence à pécloter.<br />
<br />
On trouve ceci, encore, dans les pages de la barque magnifiquement chargée de Pascal Quignard:<br />
<br />
<i>"Lire est une expérience qui transforme de fond en comble ceux qui vouent leur âme à la lecture. Il faut serrer les vrais livres dans un coin car toujours les vrais livres sont contraires aux mœurs collectives. Celui qui lit vit seul dans son "autre monde", dans son "coin", dans l'angle de son mur. </i><br />
<i><br /></i>
<i>Et c'est ainsi que seul dans la cité le lecteur affronte physiquement, solitairement, dans le livre, l'abîme de la solitude antérieure où il vécut. Simplement, en tournant simplement les pages de son livre, il reconduit sans fin la déchirure (sexuelle, familiale, sociale) dont il provient."</i><br />
<i><br /></i>
<br />
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katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-26071592886703320662017-01-27T23:07:00.001-08:002017-02-08T19:57:43.822-08:00du merveilleux anodin et anonyme de chaque journée<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnt-8qZS6qGEzqN8XVd2NQbDed7TkO2bwpQ82K3h3I-zwPqEYk7PKRi26ukDc8RAZ32hkld6nWVXoe9VSi6q-TBGRWaIKNmgdrxLinbkqOjwrj7a7aYa3qh0QfQ_AZlkGbx8aXWL0XJMw/s1600/Wadi+Rum+and+friends+169.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnt-8qZS6qGEzqN8XVd2NQbDed7TkO2bwpQ82K3h3I-zwPqEYk7PKRi26ukDc8RAZ32hkld6nWVXoe9VSi6q-TBGRWaIKNmgdrxLinbkqOjwrj7a7aYa3qh0QfQ_AZlkGbx8aXWL0XJMw/s320/Wadi+Rum+and+friends+169.JPG" width="240" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjudQhbk02VNkZkgBQyOVz0UZFYps7j7XzHX2ez_UU6lFgh5e9mDKo7Yv3coMBacbjgytc0I7IeBP1Dh7JGT9UGqnDF4ZHeYfanhrWRbAXfGwRWuHn5t8JTdqVj4y9TsVKNnySUppMmEY/s1600/Wadi+Rum+and+friends+180.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjudQhbk02VNkZkgBQyOVz0UZFYps7j7XzHX2ez_UU6lFgh5e9mDKo7Yv3coMBacbjgytc0I7IeBP1Dh7JGT9UGqnDF4ZHeYfanhrWRbAXfGwRWuHn5t8JTdqVj4y9TsVKNnySUppMmEY/s320/Wadi+Rum+and+friends+180.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
Ils sont deux en train de regarder une cascade, à Paterson. Le plus grand s'appelle Paterson, il est assis sur un banc. L'autre, on ne sait pas, mais il est très élégant. Après avoir demandé s'il pouvait s'asseoir, il sort un livre, bilingue anglais-japonais, de William Carlos William, le poète préféré de Paterson, le premier nommé.<br />
<br />
William Carlos William était de Paterson, la ville où se déroule cette scène. Il écrivait des choses comme ça:<br />
<br />
<i>"J’ai eu mon rêve – comme les autres -<br />et il n’en est rien sorti, si bien<br />que je suis maintenant insouciant<br />les pieds plantés au sol<br />et je regarde le ciel -<br />je sens mes vêtements sur moi,<br />le poids de mon corps dans mes chaussures,<br />le bord de mon chapeau, l’air qui entre et sort<br />de mon nez – et je décide de ne plus rêver."</i><br />
<br />
Elle ne se déroule pas vraiment, cette scène devant la cascade, qui est la dernière, elle prend plutôt très gentiment de l'ampleur, se déploie en douceur, comme de nombreux autres moments du film. Des images, des mots, des silences, de la tendresse qui lèvent comme la pâte du pain que j'ai pétrie en repensant à Paterson, le lendemain matin.<br />
<br />
Regarder "Paterson", c'est sentir que la farine, le sel, la levure, l'huile, l'eau et les graines que vous avez mis dans votre poitrine ont pris forme et sont en train de monter. Ou alors, s'il manquait quelques ingrédients, vous les devinez qui s'insinuent en vous et commencent à se mélanger.<br />
<br />
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<i><br /></i>
Le film prend son temps et ses aises de lundi à dimanche, tous les jours commençant avec le même plan sur Paterson et son amie, dans leur lit, Paterson se réveillant automatiquement entre 6h15 et 6h30. S'ensuivent des heures entre la maison et son bus, puis dans son bus, puis au bar où il va tous les soirs, pour Paterson, alors qu'elle reste chez eux, inventant tout le temps un moyen d'être créative, en noir et blanc, avec du tissu ou de la pâtisserie.<br />
<br />
Elle est excessive dans l'exacte mesure où il est minimaliste. Ce serait peut-être ça, l'harmonie, non pas deux mêmes qui s'assemblent, mais des pleins et des vides qui se comblent naturellement.<br />
<br />
Le samedi, alors qu'ils rentrent d'une soirée au cinéma, ils retrouvent le "carnet secret" de Paterson, celui où il écrivait tous les jours, déchiqueté par le chien de madame. Une madame tellement belle qu'à chaque fois qu'elle occupe l'écran, on a envie de lui dire d'en laisser un peu pour les autres. Une madame qui n'avait de cesse de lui dire de faire des copies de ses poèmes. Ce qu'il avait promis de faire. Bientôt.<br />
<br />
Elle est désespérée devant les miettes que sont devenues les heures passées par son amoureux à tenter de sauvegarder un peu du merveilleux anodin et anonyme de chaque journée.<br />
<br />
Paterson a beau être manifestement secoué, il lui dit de ne pas s'en faire, que <i>"ce n'étaient que des mots, écrits sur de l'eau"</i>.<br />
<br />
Dans le Matricule des anges de ce mois, il y a un entretien avec les fondateurs des Editions Parole, une petite maison provençale. Ces derniers y expliquent qu'ils ont dû retravailler un texte de Nancy Huston, parce qu'ils avaient à cœur que celui-ci soit plus "lisible", moins "confus". Ils redoutaient un peu de la confronter à leur lecture, mais elle a accepté toutes les corrections proposées, sauf celles sur la ponctuation, <i>"parce que cela relève de l'intime"</i>, a-t-elle affirmé.<br />
<br />
C'est aussi ça, <i>Paterson</i>, et tout Jarmusch avec lui: des films qui montrent combien la ponctuation est importante, combien cette ponctuation est l'affaire de chaque minute de nos vies, parce qu'elle est le souffle que l'on met dans chacun de nos pas, de nos gestes, de nos silences; un souffle qui passe par le regard et par l'écoute au moins autant que par la parole.<br />
<br />
Alors que je commençais à tenter d'organiser mon ressenti autour de ce film superbe, la Cri-Cri est arrivée à la cuisine, m'a dit que ça sentait bon, m'a demandé ce que je notais, si j'avais "giclé" mon pain pour ne pas qu'il soit trop dur, m'a dit que l'hôpital était une vraie ruche, a ajouté que mon oncle allait faire un scanner, qu'elle avait vu un film sur la guerre, ah la guerre, que tous ces pauvres sans abri qui dormaient dehors,...<br />
<br />
Elle balançait tout ça, debout devant moi, s'en allait au salon, revenait, reprenait le flot de toutes ces choses désordonnées qui la traversaient.<br />
<br />
Elle se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir faire à midi, voulait savoir si on serait là.<br />
<br />
Je me suis souvenu ses manies, quelques jours plus tôt, alors qu'on regardait un film: elle "trifouillait" quelque chose sur son canapé, examinait ses pieds, faisait quelques remarques sur tel ou tel comédien.<br />
<br />
Son incapacité à écouter et à se tenir tranquille est maladive, même devant un film qu'elle aime bien, elle ne peut pas rester sans bouger plus de cinq minutes.<br />
<br />
La Cri-Cri n'a jamais pu réfléchir à la manière dont elle voulait ponctuer ses jours et ses nuits, n'a jamais pu prendre le temps, elle s'est retrouvée lancée toute jeune dans une phrase sans point dont elle ne sait pas s'extirper. Tout juste s'offre-t-elle des virgules en regardant le ciel, les arbres qui frissonnent, les pigeons qui font leur cirque sur le clocher de l'ancienne poste.<br />
<br />
Le jardin et les balades au bord de l'Arnon étaient ses parenthèses, mais elle ne peut plus aller cheminer le long de la rivière depuis longtemps, et ses heures au potager deviennent rares.<br />
<br />
<i>"J'deviens folle quand j'peux rien faire. J'supporte pas de glander."</i><br />
<i><br /></i>
<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgs0YQxt282YRZGw4dzWauYZ8BK59x40fb0IbE4q6g0Izim9FB0TfXkqlHa2l_JpkVS4iccO9BjSYpVkCQBhc5dDYYGV4iE_MP8huapYNjEr8RqWXdeM2_c36TEaG3ftRXqGwdrFIfTlQM/s1600/Wadi+Rum+and+friends+005.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgs0YQxt282YRZGw4dzWauYZ8BK59x40fb0IbE4q6g0Izim9FB0TfXkqlHa2l_JpkVS4iccO9BjSYpVkCQBhc5dDYYGV4iE_MP8huapYNjEr8RqWXdeM2_c36TEaG3ftRXqGwdrFIfTlQM/s320/Wadi+Rum+and+friends+005.JPG" width="240" /></a></div>
<i><br /></i>
<i>"Non. Je suis chauffeur de bus, seulement chauffeur de bus."</i> C'est ce que répond Paterson au Japonais quand ce dernier lui demande s'il est un poète de Paterson, comme William Carlos William. <i>"Non, je suis chauffeur de bus, seulement chauffeur de bus."</i><br />
<i><br /></i>
<i>"Voilà qui est très poétique"</i>, lui répond le Japonais; apparaît alors le nom de Dubuffet, qui s'est tant démené contre la culture dominante et contre les arts culturels. Pour lui, l'art était toujours où on ne l'attendait pas.<br />
<br />
<i>"L'art, il déteste d'être reconnu et salué par son nom. Il se sauve aussitôt. L'art est un personnage passionnément épris d'incognito."</i><br />
<br />
On peut "lire" <i>Paterson </i>comme ça, on peut se souvenir que Jarmusch jouait déjà de l'homonymie poétique dans <i>Dead man</i>, Johnny Depp étant pris pour le poète Wiliam Blake par un Indien. On peut se souvenir que ce film s'ouvrait par une citation de Michaux disant qu'il est <i>"préférable de ne ps voyager avec un homme mort."</i><br />
<br />
On peut tout ça, mais on peut aussi simplement se laisser porter et bercer par cet enchaînement d'instantanés qui durent, de mots que l'on voit naître au moment même où ils sont déposés sur le papier; on peut juste se laisser émerveiller par la manière dont tout ceci confère une autre lumière, une autre fraîcheur et une légèreté presque miraculeuse à des journées dénuées d'improvisation, des journées où, fabuleux paradoxe, tout est déjà écrit sauf ce qui s'écrit dans le mouvement du corps, d'un corps attentif à soi et aux autres.<br />
<br />
Wiliam Carlos Wiliam, allez donc y voir, a aussi noté ceci:<br />
<br />
<i>"On me demande d’être clair. Oh clair! Clair!<br /><br />Quoi de plus clair, entre tout, que<br /><br />rien n’est moins clair, entre un homme et<br /><br />son écriture, que de savoir qui est l’homme et<br /><br />quoi l’écriture, et lequel des deux a<br /><br />le plus de valeur"</i><br />
<i><br /></i>
<i><br /></i>
<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMsqyiOWvVeMWqDEANgYaTjtyBCrYCyjYNePoq7WzwEjTqDh8nNayOsvgKcMsAPyW6Z7fQht1bjewisvjc2GwXPgm-70RS2anKdoBSrKNv82ZadkG7NbBVCpvB1BUSUxDzzw9xnalv0q0/s1600/Wadi+Rum+and+friends+211.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMsqyiOWvVeMWqDEANgYaTjtyBCrYCyjYNePoq7WzwEjTqDh8nNayOsvgKcMsAPyW6Z7fQht1bjewisvjc2GwXPgm-70RS2anKdoBSrKNv82ZadkG7NbBVCpvB1BUSUxDzzw9xnalv0q0/s320/Wadi+Rum+and+friends+211.JPG" width="240" /></a></div>
<i><br /></i></div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-9303409281650491892016-12-09T00:01:00.001-08:002016-12-09T00:01:10.908-08:00les saisons sont patientes<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">Alors que je me rendais à Fribourg, j'ai vu, fasciné comme à chaque fois, des dizaines et des dizaines de mouettes volant sur un champ en train d'être retourné par un tracteur; une note maritime en ces contrées terriennes.</span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">Le lendemain, alors que je lisais "Graines", de François Rossel (un livre de 1985, que j'avais dans un premier temps dû découper avec mon couteau suisse, un plaisir insolite que j'affectionne tout particulièrement), j'ai souri en lisant ceci, dans la section sobrement intitulée "mouettes":</span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span>
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">"A peine la terre</span></i><br />
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">est-elle offerte</span></i><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><i><br /></i>
</span><br />
<div style="text-align: left;">
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"> - une terre grasse</span></i></div>
<div style="text-align: left;">
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"> laissant à toute bribe,</span></i></div>
<div style="text-align: left;">
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"> toute poussière,</span></i></div>
<div style="text-align: left;">
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"> le risque, la chance</span></i></div>
<div style="text-align: left;">
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"> de l'éclosion -</span></i></div>
<div style="text-align: left;">
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span></i></div>
<div style="text-align: left;">
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">qu'une horde affamée</span></i></div>
<div style="text-align: left;">
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">défriche sa nudité,</span></i></div>
<div style="text-align: left;">
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">arrachant à ses plaies</span></i></div>
<div style="text-align: left;">
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">les moindres restes."</span></i></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span></div>
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">Cueillir au petit matin, dans un vieux tea-room charmant, quelques lignes conversant avec mes émerveillements récents, voilà qui a à chaque fois une saveur un peu miraculeuse.</span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">Parlant saveur, la Cri-Cri s'est ramené du marché deux beignets; deux beignets qu'elle a tout d'abord regardés amoureusement, dans la vitrine de cette vieille boulangerie d'Yverdon, "chez Martin", où elle aime tant aller s'acheter un pain noir à l'ancienne.</span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">En début d'après-midi (elle avait mangé le premier avec du thé, à notre retour au bercail, histoire de chasser un peu plus loin ce froid qui nous avait transpercé la carcasse), Bernard a cherché son deuxième trésor, pour la taquiner. En vain.</span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span>
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">"Non mais j'y crois pas, tu l'as quand même pas planqué!!!"</span></i><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><i><br /></i>
<i>"Vous pouvez pas vous rendre compte ce que ça m'fait, ces beignets. A peine une morce et j'suis de nouveau dare-dare en enfance."</i></span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">Un peu plus tard, alors qu'elle allait s'allonger pour siester un moment, elle m'a demandé de ne pas jeter le reste de café, qu'elle s'en réchaufferait une tasse plus tard.</span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span>
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">"Est-ce que c'est dans mes habitudes de balancer le café, grand-maman?!?"</span></i><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><i><br /></i>
<i>"Non, je sais bien. Qu'est-ce que tu veux qu'j'te dise, je suis "itérative", pour reprendre un mot qui apparaît tout le temps dans mes mots-croisés. </i></span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><i><br /></i>
<i>Bon, sur ce, foutez-moi la paix, je vais roupiller un moment."</i></span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">Dans la section "neige" du livre de François Rossel, il y a aussi ce flocon-ci:</span><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><br /></span>
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">"Sans hâte</span></i><br />
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">- les saisons sont patientes -</span></i><br />
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">la terre se recouvre</span></i><br />
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><i><br /></i>
<i>et nous laissons les mots</i></span><br />
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">appliqués que nous sommes</span></i><br />
<i><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;">à ne pas avoir froid."</span></i><br />
<br /></div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-20088331120774567672016-12-02T23:19:00.001-08:002016-12-02T23:23:25.822-08:00ajustant ses besicles<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div>
On a d'abord pris le p'tit déj domincal les deux, avec la Cri-Cri. Restes de taillaules au programme. Tip-top.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Puis on s'est posés au salon, dans les deux fauteuils disposés près des fenêtres pour pouvoir lire à la lumière du jour. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
J'ai commencé "La veuve", de Gil Adamson; elle continuait "monde animal", de Blaise.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
<i>"Alors là, ton pote Hofmann, quand il parle du lynx, c'est exactement c'que j'pense."</i><br />
<br />
Elle ajuste ses besicles, vise le bon passage du bout du nez:<br />
<br />
<i>"Qu'on laisse ce grand chat tranquille!</i><br />
<i><br /></i>
<i>Ses traces, ses crottes, ses poils ne vous rendront pas plus souples, plus sauvages! Même en sa présence, vous n'aurez pas son élégance."</i><br />
<br />
Elle opine du chef, me regarde.<br />
<br />
<i>"Absolument d'accord avec ça, c'est comme ces couillons qui vont en Antarctique ou j'sais pas trop où en disant que c'est des zones qu'il faut absolument préserver de la présence de l'homme. Non mais j'te jure.</i><br />
<i><br /></i>
<i>Tu lui diras quand même que les Aiguilles de Baulmes, vous avez plutôt dû les louper depuis le Suchet que depuis le Soillat, à moins que j'sois devenue gaga."</i></div>
<div>
<br /></div>
Vu que les pieds, les mollets et les genoux du jura étaient à nouveau empêtrés dans la peuffe, et que ça avait déjà été le cas tout le week-end, j'ai décidé que ça commençait à bien faire,<br />
<br />
ai pris mon sac,<br />
<br />
ai traversé le bois de Champagne,<br />
<br />
Vaugondry,<br />
<br />
Villars-Burquin,<br />
<br />
ceci en trottant mais "sans jambes", avec un deuxième souffle qui tardait à venir et un brouillard qui semblait s'être sournoisement insinué en moi.<br />
<div>
<br /></div>
<div>
Mais.<br />
<br />
Mais environ deux cents mètres après le ranch des Ilettes, alors que le chien des cow-boys continuait de s'énerver tout seul, la récompense: le soleil perçait. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
J'ai donc tenu bon jusqu'à Mauborget, y ai bu un café sans trop traîner, parce que comme j'avais déjà faim (parti à 10h30, il était à présent quelque chose comme 11h45), je me suis dit que j'allais continuer directement jusqu'au Chasseron pour y croquer une morce et bouquiner une bonne partie de l'après-midi.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Je suis donc reparti, d'abord avec des sensations pas trop mauvaises, puis avec des mollets qui peinaient de plus en plus à maintenir la cadence. Bon an mal an, après une nouvelle courte pause au soleil, j'étais au sommet vers 13h15. Je me suis dévêtu en contemplant le panorama côté français, ai enfilé un t-shirt sec, bu ce qui restait d'eau dans mon sac, puis ai fondu, salivant, sur le restaurant en contre-bas. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Eh bien il était fermé. Bien joué l'ami. </div>
<div>
<br /></div>
</div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-5370951889179750932016-11-25T04:42:00.000-08:002016-11-25T12:15:59.528-08:00une phrase qui en dit long<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsTguJJvdPTWOixxiQhUN4C_vOaG4U8YezH_OLCV7lANtx3xLgg7s9oUSEjEJLjantvynqIe6Q4SeSEGKsLLj-tWcavO7esFfdHKKLDr2y1paRclOOVEB9QG3trbWE5jOI7ekleZ-KmVU/s1600/Katching+pot+043.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsTguJJvdPTWOixxiQhUN4C_vOaG4U8YezH_OLCV7lANtx3xLgg7s9oUSEjEJLjantvynqIe6Q4SeSEGKsLLj-tWcavO7esFfdHKKLDr2y1paRclOOVEB9QG3trbWE5jOI7ekleZ-KmVU/s320/Katching+pot+043.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBbc2MsoZMZAtoUfmrQmmC78dpUYPzyWpCPAjdc4uz7zAxwoHxXCfQgt8D6ThWicffXQ3taDCGlJCYTT9vWcKjLenF6EYf3tLsySbPKPZHuK_X4m1lZzkLmu9RGf7THPeZf6I9HW4DbFA/s1600/Katching+pot+045.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBbc2MsoZMZAtoUfmrQmmC78dpUYPzyWpCPAjdc4uz7zAxwoHxXCfQgt8D6ThWicffXQ3taDCGlJCYTT9vWcKjLenF6EYf3tLsySbPKPZHuK_X4m1lZzkLmu9RGf7THPeZf6I9HW4DbFA/s320/Katching+pot+045.JPG" width="320" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSAXfkRhexMa7Y0S5EFRW5o_IqmmCUVaRz7rtUtMdcvfSa031kYbNfeP2KbOstPYHeWKA4jZMiWlW7VxtJahQlCcIohRxHkMWN_MYYaNgEHhytW1zRsOatdnamWPHsgGJGKw33b2A7gV4/s1600/Katching+pot+044.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSAXfkRhexMa7Y0S5EFRW5o_IqmmCUVaRz7rtUtMdcvfSa031kYbNfeP2KbOstPYHeWKA4jZMiWlW7VxtJahQlCcIohRxHkMWN_MYYaNgEHhytW1zRsOatdnamWPHsgGJGKw33b2A7gV4/s320/Katching+pot+044.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
<br />
Je l'entends d'abord appeler le chat par une des fenêtres du premier étage, un <i>"Loute" </i>qui s'allonge, vibre, se ferme. Un nom comme dit à l'accordéon. Le tango de Loute, variations saisonnières.<br />
<br />
Je la devine ensuite monter les escaliers, ouvrir la porte du corridor. Elle passe la tête dans l'encadrement de la porte:<br />
<i><br /></i>
<i>"Elle est là?!?"</i>.<br />
<br />
Non.<br />
<br />
Elle redescend, préoccupée,<br />
<i><br /></i>
<i>"Louououououououououte"</i>,<br />
<br />
recommence à étirer ce "<i>ou</i>" jusqu'au sommet du clocher de l'ancienne poste, juste en face, jusqu'à ces pigeons qu'elle observe souvent jouer leur pièce de théâtreux du dimanche.<br />
<br />
<i>"Ils sont un peu cinglés, viens regarder, y en a toujours un qui arrive pour chasser les autres et faire le beau."</i><br />
<br />
Mais, pour l'heure, le chat n'est pas là, alors ça ne va pas. Je me demande si je comprendrai un jour cette inquiétude qu'elle se fait pour tellement de personnes; pour son chat; pour celui de Leila; pour Baloo, le chien des Guilloud.<br />
<br />
Parlant des Guilloud, René m'a demandé, alors que j'allais sur leur tas de fumier vider le compost, si j'étais tonton. Oui m'sieur. Il a ajouté qu'il pensait souvent à ma maman; que plus il vieillissait, plus ses souvenirs d'enfance refaisaient surface. On a causé mariage, divorce, boulot.<br />
<br />
<i>"Parce que toi, finalement, t'as quoi comme formation?!?"</i><br />
<i><br /></i>
<i>"Moi, tu sais René, j'dois bien avouer que j'ai que des déformations."</i><br />
<i><br /></i>
<i>"Ouais, c'est bien c'que j'pensais." </i>Non, ça c'est moi qui rajoute; René est bien trop gentil pour dire ce genre de choses.<br />
<i><br /></i>
<i>"Alors là, ça dépend sur qui</i>, m'a dit la Cri-Cri, <i>ceux qu'il aime pas, ils le savent généralement assez vite."</i><br />
<br />
Notant ces saynètes, ces bribes de journée restées accrochées dans le filet de mes pensées, me reviennent en tête deux chardonnerets; ils étaient posés sur le drôle de tournesol, au jardin, qui semblait un peu perdu parmi des restes de salades, de fraises et de patates.<br />
<br />
<i>"Comment ça s'fait que t'aies planté qu'un tournesol, mère-grand?!?"</i><br />
<br />
<i>"Oh, il s'est planté tout seul. Ca m'faisait mal au cœur de l'enlever, alors j'l'ai laissé."</i><br />
<br />
Ce matin, alors que je pianotais, elle est venue m'expliquer ce qu'elle avait prévu de nettoyer et de ranger, aujourd'hui. Je l'écoutais et la regardais avec le sourire.<br />
<br />
<i>"J'te fais marrer, hein?!? T'as bien raison."</i><br />
<i><br /></i>
<br />
Elle fait quelques pas dans le corridor. S'arrête. Revient.<br />
<br />
<i>"Ton rêve, ce serait quoi?!? Moi, ça a toujours été d'avoir un bistrot. Mais bon, ça c'est pas donné. Ma vie, ça a été d'élever mes enfants."</i><br />
<br />
Elle repart, me laisse seul avec tout ce que ses paroles viennent de faire naître en moi. Pas longtemps. Elle m'appelle depuis la cuisine. Je descends.<br />
<br />
<i>"Tu peux m'ouvrir les deux boîtes de ravioles, s'te plaît."</i><br />
<i><br /></i>
Je prends l'ouvre-boîte sous le four, m'attaque à ces condensés de souvenirs jamais remangés depuis les samedis où c'était le repas de midi officiel, jour de ménage oblige<br />
<br />
<i>"T'écris quoi?!?"</i><br />
<br />
Je lui dis que je jongle, qu'un mail écrit à des amis me fait noter certaines choses dans un cahier, qu'une lecture m'amène à en noircir un autre. C'est vrai que je jongle, avec certaines balles qui restent accrochées dans le brouillard, d'autres qui tombent par terre, certaines qui vont attendre le retour de la neige au Chasseron.<br />
<br />
<i>"Tu t'fais plaisir, en tout cas."</i><br />
<br />
Si on veut.<br />
<br />
Je remonte, l'entends se maronner: <i>"Ah non, tu vas pas recommencer à saigner du nez, grand-mère, c'est pas l'moment."</i><br />
<br />
Une phrase qui en dit long. Aussi long que le nom du chat quand elle l'appelle par la fenêtre.<br />
<br />
Une phrase qui parle de sa vie et de son corps, de ce qu'elle a enduré sans s'écouter; une manière de s'adresser à soi qui résume ce qui la maintient en vie tout en épuisant ses dernières forces.<br />
<br />
Un jour comme-ci. Un jour comme-ça. Un jour couçi-couça. Mais boutiquer, faire à manger et laver, quoiqu'il en soit.<br />
<br />
<i>"Y a rien à faire, je supporte pas les jours où j'ai l'impression de pas en avoir foutu une."</i><br />
<br />
Le tango de la Cri-Cri. </div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-11466243215462429052016-11-09T21:38:00.002-08:002016-11-10T04:54:22.847-08:00ça doit plus être un petit ruisseau<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="203" src="https://www.youtube.com/embed/r7bowrjEJ_0" width="360"></iframe><br />
<br />
Alors que je bouquinais, triais, rangeais, écrivais - alors que je "boutiquais", dirait ma grand-maman - depuis un moment dans mon bureau, j'ai vu que l'après-midi avait déjà bien avancé: le bon moment pour descendre boire un thé avec la mère-grand, précisément. Et goûter une tranche de sa savoureuse salée. J'avais pris avec moi de nombreux articles que je garde depuis bientôt vingt ans. Je me suis posé à la table de la cuisine, me suis mis à faire des piles: en lien avec la traduction; avec l'édition; avec le Portugal; avec la Suisse; article sur des auteurs que j'aime; textes (éditos, chroniques,...) percutants; à jeter.<br />
<br />
Pendant ce temps, la Cri-Cri, au salon, regardait par la fenêtre:<br />
<br />
<i>"Le ciel est bouché bouché. Il est gris partout. Y a pas beaucoup d'oiseaux dans l'ciel, j'te dirai. Pas même un pigeon autour du clocher, y doivent se planquer ailleurs. L'Arnon doit avoir de l'eau, ça doit plus être un petit ruisseau."</i><br />
<br />
Parmi les nombreux papiers qui me passaient devant les yeux se trouvait un article sur Jean-Claude Pirotte. Il y a peu, j'ai passé son bouquin posthume, "Le silence", à ma grand-maman, qui déguste ses phrases <i>"écrites comme on parle"</i>, me dit-elle, <i>"et puis il voit et sent toutes ces choses que tellement de gens ne pernnent même pas le temps de regarder"</i>. Dans l'article que je parcourais est citée cette phrase de Rue des Remberges: <i>"Tous nous passons nos jours sous un ciel de légende et nous l'oublions à chaque instant." </i>Pas la Cri-Cri, jamais.<br />
<br />
Elle est venue faire quelques pas près de la table, a rempli sa tasse, est retournée dans son fauteuil, où Louloute, le chat, était allongé comme un prince. <i>"C'est 5h, tu sais qu'les voitures se suivent. C'est un défilé. On est dans un sacré bled. Mais c'est pour ça qu'on a encore un endroit où aller faire les courses, parce que j'peux t'dire que suivant où, faut s'lever de bonne heure."</i><br />
<br />
Dans ma paperasse, j'ai retrouvé un entretien avec Vitor Silva Tavares, le si singulier éditeur portugais qui a inventé les éditions "& etc". Il y dit que celui qu'il considère comme son maître ne lui a jamais rien enseigné, mais que c'était un <i>"gentil sage"</i> qui l'a <i>"mis en état de savoir"</i>. Grand-maman serait plutôt une tendre que la vie n'a pas ménagée, mais qui m'a mis en état de sentir la nature, indéniablement. Pour ce qui est des personnes, elle est un peu moins douée; pourtant elle s'est bien améliorée.<br />
<br />
J'ai retrouvé, pendant mes gesticulations statiques, l'article de Jean-Baptiste Harang, daté de septembre 2004, qui m'avait donné envie de lire "Dernier amour":<br />
<i><br /></i>
<i>"Christian Gailly écrit pour être consolé, sans l'ombre d'une illusion, on le lit pour exactement la même raison, alors, forcément, on se tombe dans les bras."</i><br />
<i><br /></i>
Il y a beaucoup de ça dans les moments précieux que je réussis à nouveau à passer à Champagne.<br />
<br />
Quand je vais courir au bord de l'Arnon, je pense à ces lignes de Pascal Quignard:<br />
<i><br /></i>
<i>"Ce que je tente de faire, en écrivant, est à la fois orgueilleux et très précis. Je veux penser par moi. Je ne veux penser que de façon non générique, non générale. Ni pour la nation, ni pour Dieu, ni pour la France, ni pour la langue. Je pense pour le bord de la rivière où je suis né, qui s'appelait l'Iton, au Havre en ruine, après la guerre." </i><br />
<i><br /></i>
En fin d'année, je vais accompagner Béatrice dans le désert de Jordanie. Le 4 janvier, nous serons dans la Vallée de l'Arnon, qui est le deuxième plus grand fleuve, après le Jourdain, à se jeter dans la Mer Morte. En portugais, on dit "desaguar", que j'entends comme "perdre les eaux". L'Arnon donnera donc naissance dans la Mer Morte, pratiquement exactement quatre ans après que ma maman est entrée dans le Mystère de l'après. Elle qui aimait tant le lac de Neuchâtel, où "notre" petit Arnon termine sa course.<br />
<br />
L'Arnon apparaît donc plusieurs fois dans la Bible, plus précisément dans l'Ancien Testament, que je traverse dans sa nouvelle version, publiée en 2002 et co-dirigée par Frédéric Boyer. Un auteur et traducteur qui, à la sortie de son roman "Abraham remix", affirmait ceci :<br />
<i><br /></i>
<i>"Remixer, c'est donc prendre les textes et les laisser fuir, ne pas les fixer dans des obsessions, qu'elles soient confessionnelles ou non. Sinon, on rabat le texte sur la terre et on écrase la terre sur le texte et ça devient ce qu'on voit aujourd'hui, et on tue des gens pour ça."</i><br />
<i><br /></i>
Il disait cela en 2005. Onze ans plus tard, Trump est président; une élection à quoi j'accollerai ces lignes de Jean Sulivan, un prêtre-écrivain à la colère salutaire:<br />
<i><br /></i>
<i>"Les hommes politiques sont ce que nous les faisons avec notre goût dépravé du mauvais théâtre de l'actualité, avec quoi nous comblons l'ennui inavoué; ils sont la cristallisation de nos idolâtries, aussi bien en forme de piété que d'ironie ou de ressentiment, dans le vide spirituel. Nous sommes devenus le tiers monde de la spiritualité"."</i><br />
<i><br /></i>
Depuis que je suis rentré, je suis très peu sorti du village, n'ai dit à presque personne que j'étais de retour, attendant que les rencontres se fassent naturellement, puisque je sais que cette fois je suis à nouveau dans la place de jeu de mon enfance pour un bout de temps. Plus envie d'enchaîner les moments intenses, de courir à gauche à droite, de ne voir nombre de mes amis qu'une fois tous les six mois en devant commencer par faire des mises à jour.<br />
<br />
Je m'en remets plutôt à la nuit, à ses dernières heures que j'aime tellement parcourir du bout du cœur; j'entre en phase de métabolisation lente.<br />
<br />
Dans mon fatras, il y avait aussi ceci, de Pedro Kadivar, recopié à la main:<br />
<br />
<i>"Il te faut une nouvelle enfance. C'est le seul âge qui n'hésite jamais, le seul circulaire dans la vie d'un homme. Mais il te faut l'inaugurer toi-même à chaque fois, la faire sortir de la terre qui est en toi. C'est la beauté d'une vie d'adulte, que de pouvoir inaugurer l'enfance à l'infini."</i></div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-8077926053231350032016-10-23T02:01:00.001-07:002016-10-23T02:02:00.770-07:00la grande révolte contemplative<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<i><br /></i>
<i><br /></i>
<i>- Un vieux bonhomme, à la gare de Sabiñanigo (en Espagne, en Aragon plus précisément), qui marche comme il peut, à savoir pas trop bien, en traînant les pattes, qui sont quatre parce qu'il a des béquilles. Il pourrait rester tranquille, mais non, il fait des allers et retours, expliquant à tout le monde quel quai permet de monter dans un train qui va "vers en haut", ou " vers en bas". </i><br />
<i><br /></i>
<i>Il a des chaussettes sous ses sandales, une casquette "sur soif" (décalée un tiers sur la gauche, pas complètement enfoncée), un pantalon sans âge et sans forme, un gros pull en laine qu'il finit par enlever alors qu'il fait déjà environ trente degrés; il se l'attache autour de la taille.</i><br />
<i><br /></i>
<i>- Au bord de la Garonne; non: au bord de la route bordant la Garonne, un type, pas quarante ans, tend la main aux véhicules qui s'arrêtent. Il a non seulement un sourire radieux trouant sa barbe rousse, mais une coupe dorée sur laquelle il a collé un carton où est inscrit: mendiant de l'année 2015-2016.</i><br />
<i><br /></i>
<i>- Il est 10h30 à la terrasse du café du marché de Cahors quand, d'une porte jouxtant notre table, sort une dame âgée qui se met à nous parler. Elle a un morceau de maquillage bleu perdu sur son nez, un rouge à lèvres pas très judicieux et une canne factice. </i><br />
<i><br /></i>
<i>Elle nous dit qu'elle est dans les choux parce qu'elle a bu des verres avec un ami le soir d'avant; que tout le monde lui fait faire n'importe quoi sous prétexte qu'elle n'a rien à faire; qu'elle est en train de lire un bouquin de d'Ormesson et que du coup elle n'est pas à Cahors, Cahors, où, précise-t-elle, il ne faut pas se contenter d'entrer dans la cathédrale mais en visiter le cloître, qui est exceptionnel.</i><br />
<i><br /></i>
<i>Puis alors, sans avoir repris son souffle, elle s'en va d'un pas à la grâce impeccable, contrastant fortement avec le manque d'élégance de sa mise précipitée. Ou quand les habitudes vieillissent mieux que leurs atours.</i><br />
<br />
De retour au pied-du-jura, je parcours en sens inverse mon petit carnet de "chercheur d'encres" pour en extirper quelques instants glanés depuis que j'ai volé de Santiago à Madrid. On y lit aussi Léa s'exclamant que ses "cheveux jouent avec le vent", dans la voiture, quand les fenêtres sont ouvertes et que nous rentrons d'une chouette journée au lac. On y entend parfois, à Serres-Morlaas, un âne que Céline trouve "fort triste"; c'est vrai que son braiement semblait exténué, lessivé. On y devine Vale qui, chez Emmaüs, prend peur quand ça joue des coudes pour des fringues de marque à 2 euros. On s'y allonge aussi tout près de l'assemblée de chênes, à Cambes, devant chez Maud, Pablo et Basilou.<br />
<br />
Tout ça, c'était pour la France, et la micro-parenthèse espagnole, quand j'espérais encore réussir à affronter les Pyrénées avec mon sac une nouvelle fois beaucoup trop chargé.<br />
<br />
Il y a eu ensuite le Portugal, avec son cortège de découvertes, de surprises, de déceptions, d'émotions contrastées.<br />
<br />
Pas envie d'écrire à ce propos, ici et maintenant, comme ça. Mais ça reviendra, refera surface plus tard, assurément.<br />
<br />
<br />
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<br />
Pour l'heure, je suis de nouveau près du lac de Neuche, à Champagne, chez la Cri-Cri, qui m'a glissé, à peine arrivé, quand je lui avouais que sa maladie d'amour pour la région devenait de plus en plus contagieuse à mesure que je vagabondais.<br />
<br />
<i>"Quelqu'un m'a dit qu'il ne comprenait pas comment je pouvais aimer le jura, qu'il n'y avait rien, dans le jura. Je lui ai juste répondu: ah si tu savais; si tu savais tous les trésors qu'on y trouve, dans le jura."</i><br />
<br />
Hier, comme le soleil était de la partie, je suis monté en courant au Chasseron, avant qu'il y ait de la neige. J'avais pris avec moi la correspondance entre Voisard et Chappaz, de 1967 à 1972.<br />
<br />
J'en ai lu une bonne moitié, au sommet, avec ce panorama vertigineux. J'ai mis en évidence, pensant à ma grand-maman, cet extrait d'une lettre de Maurice à Alexandre, datée du mardi matin 3 juillet 1967:<br />
<i><br /></i>
<i>"C'est la grande révolte contemplative au milieu des tracas, des bonheurs et des incertitudes qui va nous maintenir réellement en vie."</i></div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-91067957130680701382016-08-03T04:24:00.000-07:002016-08-03T16:39:40.498-07:00la poétique de la maladresse<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9IESE55EYaWFed7sdXZ5CgoqkP9OD0I7tJRx0LWt2wkyRtZTO2SYKSRHMTIGlJAIIAo6bKxRdRBhcJT9bIZEpsJ7xjvHiic_sB0ObppoXCRY5vStLAFnFQLWwrCEPDQlKU97mpr_yJjw/s1600/Valpo%252C+poh+006.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9IESE55EYaWFed7sdXZ5CgoqkP9OD0I7tJRx0LWt2wkyRtZTO2SYKSRHMTIGlJAIIAo6bKxRdRBhcJT9bIZEpsJ7xjvHiic_sB0ObppoXCRY5vStLAFnFQLWwrCEPDQlKU97mpr_yJjw/s320/Valpo%252C+poh+006.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
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<br />
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<br /></div>
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<br />
Gardant un œil sur la boutique, j'étais assis sur le trottoir d'en face, côté soleil. Le carrefour était animé par des repérages cinématographiques, un film avec Antonio Banderas étant sur le point de s'y tourner. Il y avait des curieux, des groupies, des agacés. La scène en question concernait un type qui dévalait la rue assis sur une valise, manquant tout juste se faire renverser par une voiture.<br />
<br />
Je dois apparaître sur plusieurs prises de vue, entre un lampadaire et une poubelle, lisant une magnifique petite anthologie de Niconor Parra intitulée: "Une poignée de cendres." Toute l'équipe a eu la délicatesse de me laisser jouir en paix des trouvailles de celui qui s'était autoproclamé "anti-poète". J'ai même eu le droit à quelques sourires.<br />
<br />
Soudain, pour ponctuer la matinée, est arrivé un petit bonhomme, quatre ans tout au plus, qui a crié <i>"Une librairie"</i>, y entrant en courant, se saisissant du premier livre à portée de main (des pensées de Lao-Tseu), sortant avec pour demander au premier type qui passait combien il coûtait.<br />
<br />
Traversant pour lui répondre, je vois sa maman lui prenant le livre, lui disant qu'il n'est pas pour les enfants. Mon petit pote ne se laisse pas démonter pour si peu, entre à nouveau, aperçoit un bouquin avec un footballeur, lui saute dessus, ressort pour me demander combien il coûte.<br />
<br />
Voyant que sa maman est contrariée, je lui dis que j'en ai d'autres, pour jeunes lecteurs, qu'il y en a même que je peux lui offrir.<br />
<br />
<i>"Je préfère celui-ci."</i><br />
<i><br /></i>
<i>"Mais tu ne sais même pas lire."</i> argumente madame.<br />
<br />
<i>"C'est pas grave, je le veux."</i><br />
<br />
<i>"En plus il est en français, même moi je ne pourrai pas te le lire."</i> ajoute, s'étant résigné à faire demi-tour, son papa, reposant l'ouvrage sur l'étagère où il était.<br />
<br />
Le gamin a alors sauté sur le bouquin, tentant de partir avec en courant, son père l'attrapant au vol, lui reprenant le livre en le grondant, me le rendant et s'en allant en tentant de contenir cris et gesticulations.<br />
<br />
<i>"Comme je lui disais, je pourrais peut-être vous en donner..."</i><br />
<i><br /></i>
Ils étaient déjà loin. Me parvenait à peine l'écho de la contrariété contagieuse de l'enfant.<br />
<br />
M'en est restée une drôle d'impression, entre la tristesse de cet épilogue et la joie devant le bonheur, pour ce petiot, de voir une librairie.<br />
<br />
Les livres comme source de réconfort, même quand on ne peut pas les déchiffrer.<br />
<br />
M'est revenue cette anecdote, contée dans un livre d'hommages à Adrien Pasquali: un ami, invité à manger chez lui, s'étonne, parcourant sa bibliothèque, d'y trouver un livre en chinois.<br />
<br />
<i>"Ne m'as-tu pas dit que tu les avais tous lus?!?"</i><br />
<i><br /></i>
<i>"Si, je ne t'ai pas dit que je les avais tous compris."</i><br />
<br />
Il y a, à Valpo, près du Terminal de bus, une vieille librairie, la <i>Crisis</i>, tenue par un tout vieux bonhomme, toujours assis à sa caisse, à main gauche quand on entre. Le bonhomme est une encyclopédie souriante. Tout rachitique, il ne doit pas peser beaucoup plus qu'un dictionnaire. Deux personnes l'aident pour la logistique. La dernière fois que j'y suis allé, constatant que j'avais plaisir à m'éloigner des sentiers battus, il m'a demandé comment j'avais commencé à m'intéresser à la poésie chilienne, et pas seulement à Neruda.<br />
<br />
Par déformation passionnelle; que répondre d'autre.<br />
<br />
Après avoir fouiné et hésité, je lui ai tendu trois livres, disant que je ne savais désespérément pas être raisonnable, dès qu'il était question de lecture. Son associé m'a répondu: <i>"Bien au contraire, de la poésie et de la philosophie, on ne saurait être plus raisonnable."</i><br />
<br />
Je suis sorti tout guilleret, apercevant deux clochards aussi joyeux que moi. Ils étaient assis près d'un bancomat. Voyant que je m'approchais d'eux en sortant mon porte-monnaie, ils m'ont lancé:<br />
<br />
<i>"Salut l'ami, toute participation est bienvenue, donne-nous ce que tu peux."</i><br />
<i><br /></i>
<i>"Ceci dit, on prend aussi les cartes, si jamais."</i> a ajouté son acolyte dans un éclat de rire.<br />
<br />
Le lendemain, à la terrasse du "Peral", alors qu'on se demandait pourquoi l'endroit s'appelait le Poirier, j'ai fort peu élégamment renversé la quasi intégralité de mon jus de fruits sur Vale.<br />
<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4Mz_fISv1YLE6y4VAB7UHjEswmEeMxRUJi4HXhVRcPaD42Znyq-rW_AROswdpwTDA0O2ZCBLC0vcdQFOWZvsk4JHkD-sM-Vtke3lMWzuWELKpm_lTfFb7d8Rytlu_WZ27OrJfO0Oa198/s1600/Valpo%252C+poh+013.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4Mz_fISv1YLE6y4VAB7UHjEswmEeMxRUJi4HXhVRcPaD42Znyq-rW_AROswdpwTDA0O2ZCBLC0vcdQFOWZvsk4JHkD-sM-Vtke3lMWzuWELKpm_lTfFb7d8Rytlu_WZ27OrJfO0Oa198/s320/Valpo%252C+poh+013.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
La serveuse, s'empressant d'essuyer mes déboires, m'a dit de ne pas s'inquiéter, qu'elle était aussi coutumière de ce genre de mésaventure.<br />
<br />
Elle aime bien le côté inattendu et rafraîchissant de ces ratés; elle appelle cela "la poétique de la maladresse".<br />
<br />
J'espère qu'on considérera bientôt de la sorte nos premiers mois de vadrouille estampillés 2016, parce qu'en vérité, malgré quelques superbes personnes, des endroits intrigants et de belles opportunités, on n'a jamais réussi à véritablement se sentir vibrer à l'unisson, ni des visages ni du paysage.<br />
<br />
Du coup, Vale est retournée embrasser le lac de Neuchâtel, les amis et la famille.<br />
<br />
Quant à moi, on verra. Pour l'instant, je persiste un peu par ici, tout en sachant pertinemment que ça ne va pas durer bien longtemps.<br />
<br />
J'ai pris l'habitude de dire, à ceux qui me demandent d'où me vient cette manière singulière de parler en espagnol, que je suis un mélange étrange: suisse, par ma maman; tunisien, par mon père; portugais, par élection mutuelle.<br />
<br />
Et là, il y le manque du portugais, sur ma langue, qui se fait pressant.<br />
<br />
<br /></div>
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="270" src="https://www.youtube.com/embed/qwEOqPNW7B4" width="480"></iframe></div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-45946726206061438242016-07-12T05:02:00.001-07:002016-07-14T17:59:43.919-07:00et même la mort peut s'égarer<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcZ56Yep9Ff-MzpPHBf4mf1cnl_X6HoOKmDZhs_oYMRo2gJD_5bMv-FNQL9SR40Z7IcYFt8i_iGCbpRmcJ4ueMJghQQm6d3FM5Eo6LgwHrBVLjfonx3j9Z9F4o0YIOepvgYedmaQwbk_U/s1600/Valpo+inicio+007.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcZ56Yep9Ff-MzpPHBf4mf1cnl_X6HoOKmDZhs_oYMRo2gJD_5bMv-FNQL9SR40Z7IcYFt8i_iGCbpRmcJ4ueMJghQQm6d3FM5Eo6LgwHrBVLjfonx3j9Z9F4o0YIOepvgYedmaQwbk_U/s320/Valpo+inicio+007.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
<br />
Quelques miettes de murs ont été griffonnées dans mon petit carnet de chercheur d'encres, parmi elles:<br />
<br />
<i>"La solitude du patrimoine"</i>, déplorée par un graffiti figurant sur la paroi d'un édifice en ruines, dans la zone du port;<br />
<br />
<i>"La peur mange l'âme"</i>, pas besoin de préciser où cela figurait;<br />
<br />
<i>"On va gagner comme la sélection, la lutte pour l'éducation"</i>, ou quand une jeunesse désabusée par un vampire appelé ultra-capitalisme tente de puiser des forces dans le deuxième sacre continental de son équipe nationale.<br />
<br />
Aussi des rencontres cocasses, ou des fils qui se nouent à distance, comme cette serveuse, étudiante en philosophie, qui fait sa thèse sur Bolaño, écrivain chilien décédé en 2003, dans l'oeuvre duquel je fais pas mal de tours ces derniers temps, et dont le livre posthume ("2666") est à l'affiche au festival d'Avignon, dans un spectacle qui dure plus de dix heures et qui est, paraît-il, aussi palpitant qu'une bonne série TV; ou alors ce barman, encyclopédie du Whisky, ceinture noire (quatrième danne) de karaté, qui ne boit pas une goutte d'alcool.<br />
<br />
<i>"Sur le comptoir un verre</i><br />
<i>Attend le baiser de mes lèvres folles.</i><br />
<i>Avec une goutte mes habits se sont salis.</i><br />
<i>Où est la problème si le veston s'enivre un peu."</i><br />
<br />
Ce sont des vers de Pedro Nolasco Santander, cités par Carlos Léon, dans une chronique où il vante les mérites de ceux qui, écrivant remarquablement, disparaissent dans l'élan de leur amorce littéraire. Des génies discrets qui s'effacent pour ne pas en faire un plat, ne laissant derrière eux que de petits tas de pages qu'on peut lire et relire sans jamais qu'elles ne perdent de leur intérêt. Elles nous laissent dans la poitrine et dans la bouche un goût de cendres et de paillettes mélangées.<br />
<br />
Sur Valparaíso, Carlos Léon, qui était l'écrivain emblématique de l'un de ses quartiers (Playa Ancha), dit ceci:<br />
<i><br /></i>
<i>"Cette ville existe par l'oeuvre et la grâce de la poésie, ce qui revient à dire de la magie (en elle tout est possible, et même la mort peut s'égarer, car elle possède des cimetières intimes et curieux comme des place et des places désolées comme des cimetières et ses allées ressemblent à des rue et ses rues à des clubs, sans statuts ni règlements)."</i><br />
<i><br /></i>
Un magnifique livre du bonhomme, agrémenté de photographies, a paru il y a peu. Il s'agit d'un recueil de chroniques et d'articles écrits à propos de différents écrivains.<br />
<i><br /></i>
<i>"tristesse de qui revient du cercueil pour recevoir</i><br />
<i><br /></i>
<i>une amie</i><br />
<i><br /></i>
<i>à qui il avait promis une corbeille de cerises"</i><br />
<br />
Ceci est de Guillermo Quiñones, Léon le mentionne dans une chronique où il dit de lui qu'il était <i>"un poète jeune comme d'autres sont célibataires ou veufs; c'est-à-dire que sa jeunesse n'avait rien à voir avec son âge, c'était comme son état civil. Il recueillait la voix de la ville comme le vent de Valparaíso, et ses vers venaient, comme lui, de très loin, de villes légendaires, d'automnes permanents, de mois secrets, de sourires oubliés depuis longtemps, de ballades sur des navigations enfouies en mer ou dans des cimetières de lointaines républiques ou royaumes. [...]. Quiñones s'était emmêlé indissociablement avec Valparaíso. On ne concevait pas l'un sans l'autre. [...]. Il est mort comme il se devait, comme le jeune marin qu'il n'a jamais cessé d'être, en dépit de ses huitante-trois ans, dans une maison tellement typiquement de Valpo, tellement contemporaine de l'oubli, qu'on en a de la peine pour ses chambres et ses corridors; Valparaíso et son histoire nous y bousculent comme un sanglot qui nous oblige à lever la main, discrètement, jusqu'aux yeux, pour dissimuler une larme furtive." </i><br />
<br />
Je reprends le fil de mon déblogage en contemplant les premiers miroitements discrets du soleil sur l'Océan. La fenêtre de notre salle-à-manger donne sur le bord de l'eau, du côté qui s'en va jusqu'à Viña del Mar. Cela dessine une sorte de crique. A cette heure-ci, les lumières de la ville crépitent en chœur avec celles de l'aube. Au loin, on devine des sommets enneigés. Des tessons de Suisse et de Portugal remuent dans les poches de mes souvenirs.<br />
<br />
La libraire à qui je donne un coup-de-main a dû partir en exil en France, quand il y avait la dictature, parce que sa mère est une poétesse qui était liée à différents artistes engagés. Plusieurs membres de leur famille sont morts ou ont disparu, quand Pinochet régnait.<br />
<br />
Sa mère m'a raconté que, à Paris, quand ses amis français étaient frustrés, lors de discussions animées pendant lesquelles les Chiliens n'arrêtaient pas de sauter du coq à l'âne sans conclure aucun sujet, elle leur disait:<br />
<br />
<i>"Vous avez lu "Cent ans de solitude" de Garcia Marquez?!? Vous l'avez aimé?!? Vous avez apprécié ces histoires qui s'entremêlent, ces noms qui se superposent, la chronologie qui se mord la queue?!? Eh bien nous sommes comme ça."</i><br />
<br />
J'ai repensé à ça en regardant un homme qui s'éreintait, du pied, contre la porte de son camion, alors que je buvais tranquillement mon café.<br />
<br />
J'y repense, maintenant, avec un dégradé rose orangé d'une splendeur qui fait presque mal aux yeux. Pas besoin de s'inquiéter, cette beauté ne fait que passer. Il faut se lever tôt pour la caresser.<br />
<br />
Elle est de la même famille que les écrivains timides et discrets dont parle Carlos Léon avec admiration.<br />
<br />
Elle me fait penser à Jean, à ses pages sublimes qui ont vu le jour après des années de tendre acharnement, des années à écrire pour tout et pour rien sans nourrir d'ambition, des années à récolter des brimborions d'amour et d'oubli, des années avec toujours un petit terrain-de-foot tatoué sur la face-cœur de ses paupières.<br />
<br />
Oui, Jean, il sera une fois où nous irons déambuler ensemble du côté de Lisbonne, sur les deux rives du Tage.<br />
<br />
On s'y fera des passes composées de rires et de silences complices, ces précieuses babioles colorées.</div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-8734020246530936862016-06-19T08:45:00.000-07:002016-06-24T03:57:04.236-07:00déambuler pour mieux flotter<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
Hier après-midi, je suis allé faire un tour au Parc Culturel de Valparaíso; un endroit beaucoup moins pompeux que son nom ne le laisse craindre. On y trouve toujours quelques gamins en train de taper dans un ballon. Ce week-end s'y tient le Salon du Livre indépendant. J'ai d'abord assisté à une causerie autour d'un bouquin mettant en avant les bienfaits de certains principes anarchistes sur l'éducation et la déconstruction de schémas. On était une dizaine de curieux.<br />
<br />
Après la présentation, je suis allé traîner d'un stand à l'autre, glissant dans mon sac "Mis dos mundos", un livre de Sergio Chejfec, un écrivain argentin dont je n'avais jamais entendu parler. Je l'ai acheté parce qu'il y avait un prologue d'Enrique Vila-Matas, que je suis allé lire dans le parc, profitant des derniers soupirs du soleil.<br />
<br />
La photographe du Salon, déguisée en punkette, est venue me conseiller de ne pas laisser traîner mes affaires, m'indiquant du bout du menton d'autres épouvantails à la dégaine ma foi pas si éloignée de la sienne. J'ai obtempéré des sourcils.<br />
<br />
Dans la préface, il y avait ces mots, qui semblaient faire écho à mon déblogage du jour précédent:<br />
<br />
<i>"Parce qu'on ne découvre pas de terre nouvelle sans accepter de perdre de vue, premièrement et pour longtemps, toute côte."</i><br />
<br />
Un peu plus loin, Vila-Matas parle de la nouvelle de Chejfec comme de <i>"la promenade la plus complète qui lui a été donné de faire dans la géographie solitaire de nos fissures, dans la profonde géographie de ces trous qui ont tendance à être précisément des portes donnant sur l'inconnu [...]."</i><br />
<i><br /></i>
Mes jambes ont eu alors très fortement envie de se mettre en mouvement, et avec elle les ressorts de l'écriture qui s'actionnent toujours à ces moments-ci, dans les méandre de ma caboche. C'est que je suis l'auteur, dans ma tête, quand je me balade au crépuscule, de quelques unes des plus belles pages de la littérature flânée et flânante. Elles n'ont pas d'équivalent. D'ailleurs c'est bien simple, elles n'ont existé que dans une sorte de fumée enivrante qui s'empare de tout mon corps quand je me laisse porter par la lumière particulière qui règne parfois en fin de journée.<br />
<br />
Chacune des phrases composant ces proses poétiques sont en soi de délicieux petits biscuits, parfaits pour tremper dans du café. On les dépose ensuite sur sa langue. On est bien. Pas forcément heureux, mais comme réconcilié avec ses doutes et avec l'ensemble du tableau boiteux de son existence.<br />
<br />
Cette marotte littéraire mentale doit avoir un lien avec tous ces buts que j'ai marqués en finale de Coupe du Monde, avec toutes ces passes millimétrées qui ont permis à mon équipe de gagner le Championnat d'Europe, dans ma tête aussi, enfant. Et même encore déjà plus si enfant que ça.<br />
<br />
Je pense souvent à cet ami, enseignant universitaire reconnu, qui a plus de 50 ans et m'a avoué, un jour où on parlait de tout autre chose, qu'un de ses gros problèmes était que, dans ses pensées, il était encore potentiellement le meilleur joueur de foot de l'Histoire.<br />
<br />
Il y a un moment qu'il ne me donne plus de nouvelles. Peut-être qu'il a finalement réussi à se glisser dans une faille spatio-temporelle.<br />
<br />
En sortant du parc, j'ai vu qu'il n'y avait que deux personnes en train d'écouter la performance poético-musicale prévue au programme. Je me suis dit que certaines marges avaient encore vraiment de la marge.<br />
<br />
J'ai aussi aperçu cette phrase, notée contre un mur:<br />
<i><br /></i>
<i>"Déambuler pour mieux flotter."</i></div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-68261383138871158622016-06-17T15:21:00.001-07:002016-06-17T15:28:51.680-07:00Et chaque commencement abrite un charme<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">C'est étrange d'avoir une ville accrochée à son cœur
comme une ombre intérieure. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Étrange et infiniment puissant. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Fabuleux mais souvent troublant.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Dans le bus qui nous emmenait de Barcelone à Madrid,
il a suffi que la voix d'Alfredo Marceneiro s'invite dans mes oreilles pour que
de petites larmes naissent instantanément, comme de petites notes de bas de
page, aigres-douces, s'inscrivant sur le livre de ma vie.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span>
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/0Jk0Dg2LtIw" width="420"></iframe>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 107%;">A Cuzco, dans le bar où nous avons regardé la
première mi-temps de la Finale de la Ligue des Champions, il y avait deux
jeunes filles de Lisbonne. Les entendre parler dans cette langue que j'aime
tant, avec cet accent qui me rappelle tellement de choses, alors qu'on n'était
pas au mieux et que je me débattais en "portugnol" depuis trois
semaines, voilà qui m'a mis dans tous mes états.</span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Il y a aussi eu ce livre, à Lima, "Teorema del
navegante" de Luis Eduardo García, dans une magnifique librairie de
Barranco (j'y ai laissé tous mes livres lus jusque là puisqu'il y avait aussi
une bibliothèque de deuxième main à l'entrée), ouvert au hasard sur un poème
intitulé, forcément, Lisboa.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>"1<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Je suis venu jusqu'ici pour rencontrer Fernando
Antonio <o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Nogueira Pessoa.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>J'ai volé quatorze heures dans un avion Mac Donnel
Douglas <o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>MD-II de KLM <o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>juste pour me prouver à moi-même que je suis
incapable de <o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>faire défaut à une ville.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Mensonge. J'ai traversé la flaque pour connaître in
situ le fantasme <o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>de Lisboa.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Ou plutôt, le poète qui vécut comme s'il avait été <o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>un personnage et pas un nom.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Pour ceci, par fidélité, la première chose que j'ai
faite a été de monter au<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>mirador Santa Justa<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>et regarder, regarder, regarder jusqu'à ce que la
pluie et la poussière<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>réalisent le miracle.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>[...]<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>2<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>[...]<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Mais il me parla plus du démiurge orthonyme, de
Fernando<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Pessoa lui-même,<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>de la statue de bronze qui avait été différents
types<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>fourrés en un,<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>du zéro à gauche qui avait voulu être toutes les<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>vies de Lisbonne,<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>du petit homme chétif qui aimait l'intranquillité et
les<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>idées platoniques<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>et du poète sédentaire qui écrivait en portugais
pour être<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>plus cosmopolite.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Lui, qui avait fait de la timidité une aristocratie
de la <o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>pensée<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>et de la pensée une façon pénétrante de se rire de
la<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>misère humaine,<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>me dit à l'oreille que l'oeuvre d'art est d'abord
oeuvre et<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>ensuite oeuvre d'art<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>et qu'avoir des opinions est la meilleure preuve de <o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>l'incapacité d'en avoir.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">[...].</span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12pt; line-height: 107%;">"</span></i><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12pt; line-height: 107%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Je me suis souvent dit que j'allais devoir porter le
deuil des villes que j'apprécierais, mais sans plus, à cause de la passion que
j'ai pour Lisbonne. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Et puis voilà que nous sommes arrivés à Valparaíso,
ce mélange de Lisbonne, de Grenade et de Gênes; un cocktail secoué fort et à
différentes reprises, étalé sur 1001 collines, avec des otaries et des pélicans
au bord de l'eau, pour davantage de dépaysement.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span>
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/pLZl09MO_Ds" width="420"></iframe>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /><span style="font-size: 12pt; line-height: 107%;">En espagnol, rive (rivage) se dit
"orilla". Cela me plaît infiniment qu'on y entende une oreille, donc
de l'écoute, donc ces phrases de Gary dans "Chien blanc", l'ouvrage
grâce auquel cet homme m'est aussi devenu une omniprésente figure fraternelle:</span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>« J’écris ces notes à Guam, face à mon frère
l’Océan. J’écoute, je respire son tumulte, qui me libère : je me sens compris
et exprimé. Seul l’Océan dispose des moyens vocaux qu’il faut pour parler au
nom de l’homme ».<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Le premier matin que nous avons passé à Valparaíso,
alors que nous étions dans la cuisine, Vale m'a demandé ce que j'avais envie
d'écouter. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">"On pourrait mettre Radio Fip."<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">"Radio comment?!?"<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">"FIP, F, I, P."<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Et voilà la voix d'Amalia, suivie de celle de Misia,
puis des titres de Dead Combo et de Buraka Som Sistema. C'était une émission
consacrée à Lisbonne.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span>
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/3B8JAuRHftU" width="560"></iframe>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 107%;">A Lima, dans l'auberge où nous sommes restés une
petite semaine, il y avait un jeune Allemand, venu depuis Santiago à vélo, en
passant par La Paz. Alors qu'il me notait ses coordonnées, je lui ai demandé
s'il avait en tête un poème. Il a réfléchi, n'a d'abord rien trouvé, puis lui
sont revenus quelques mots d'un poème d'Herman Hesse, qu'il m'a tracés d'une
superbe écriture, tout en respiration et finesse:</span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>"Und jedem
Anfang wohnt ein Zauber inne,<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Der uns
beschützt und der uns hilft, zu leben."</i><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">J'en ai retrouvé l'intégralité sur la Toile, il
s'agit de "Stufen" (Étapes), mais pas de traduction satisfaisante;
alors je me suis attelé à la tâche, ce qui donne, pour le paragraphe en
question, à peu près ceci:<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<i><br /></i></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>"Wie jede
Blüte welkt und jede Jugend<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Dem Alter weicht,
blüht jede Lebensstufe,<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Blüht jede
Weisheit auch und jede Tugend<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Zu ihrer Zeit
und darf nicht ewig dauern.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Es muß das Herz
bei jedem Lebensrufe<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Bereit zum
Abschied sein und Neubeginne,<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Um sich in
Tapferkeit und ohne Trauern<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>In andre, neue
Bindungen zu geben.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i><b>Und jedem Anfang
wohnt ein Zauber inne,<o:p></o:p></b></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i><b>Der uns
beschützt und der uns hilft, zu leben</b>."<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<i><br /></i></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>"Comme chaque fleur fane et chaque jeunesse<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>S'efface dans l'âge, chaque étape de la vie fleurit,<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>De même que fleurit chaque sagesse et chaque vertu<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>En son temps, sans possibilité de durer
éternellement.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>A chaque appel de la vie le cœur doit être prêt<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Au départ et au recommencement,<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Pour s'engager avec bravoure et sans porter le deuil<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>Dans d'autres liens, nouveaux.<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i><b>Et chaque commencement abrite un charme,</b></i></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i><b>Qui nous protège
et nous aide à vivre</b>."</i><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Comme le rappelle Lukas Bärfuss dans cette émission
à l'occasion de la parution des lettres de Walter Benjamin sur la littérature,
übersetzen signifie traduire, mais aussi traverser.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span>
<iframe frameborder="0" height="60" src="https://www.mixcloud.com/widget/iframe/?feed=https%3A%2F%2Fwww.mixcloud.com%2Fentreleslignes-espace2%2Fwalter-benjamin-lettres-sur-la-litt%25C3%25A9rature-09052016%2F&hide_cover=1&mini=1&light=1" width="100%"></iframe> <span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Traversée donc mouvement, et risques, et accostage
sur une autre rive, avec beaucoup d'eau qui a coulé dans l'intervalle, et avec
un point-de-vue forcément différent, sur tout; sur le tout et sur les détails
le composant.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">Henri Calet a écrit un livre superbe, où il parle,
comme presque toujours, de sa ville, intérieure et extérieure, Paris; cette
merveille s'intitule "Le tout sur le tout". </span><span lang="DE-CH" style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;">On y trouve ceci:<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif; font-size: 12.0pt; line-height: 107%;"><i>"Les souvenirs sont comme des lianes; il faut
se méfier de ne pas trébucher à chaque foulée."</i><o:p></o:p></span></div>
</div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-15327296095433290362016-05-29T06:01:00.002-07:002016-05-29T06:02:38.966-07:00de l'omniprésence des trompe-l'oeil<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihN5G0zFDYOqpNYqkDYE1latmgBNpJ1-ksb92FocE6HcpG5Y_8SE1UJQ7PzGLE2riFBbc5tVzgaZM88OW9o9iQQH3mUgISjIxCI1DRSgmNdRlUtoN44QgHJ93fawWqS6rJ7BywZPBhR0s/s1600/Katching+pot+038.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihN5G0zFDYOqpNYqkDYE1latmgBNpJ1-ksb92FocE6HcpG5Y_8SE1UJQ7PzGLE2riFBbc5tVzgaZM88OW9o9iQQH3mUgISjIxCI1DRSgmNdRlUtoN44QgHJ93fawWqS6rJ7BywZPBhR0s/s320/Katching+pot+038.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfeQK4D5MW0YBbFLn-K7BlpEOB1xwlx1AykWhb7p-arWVaJFZVwS6VlR0m8YFSqcxPvajBs1H2OThhTQ7Fx6YmSuApAcJiBZXBnPu0oOIhQvqrkXB-u7jt5NP1ZSB_3kuUg8K5Kjpphqk/s1600/Katching+pot+071.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfeQK4D5MW0YBbFLn-K7BlpEOB1xwlx1AykWhb7p-arWVaJFZVwS6VlR0m8YFSqcxPvajBs1H2OThhTQ7Fx6YmSuApAcJiBZXBnPu0oOIhQvqrkXB-u7jt5NP1ZSB_3kuUg8K5Kjpphqk/s320/Katching+pot+071.JPG" width="240" /></a></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Celle qui était notre guide, pendant la randonnée jusqu’à la
Laguna 69, enseigne aussi le Quechua. Elle m’a expliqué que c’est une langue
plurielle (six variantes dialectales), "académiquement réglementée"
mais difficile à écrire puisque certains sons ne correspondent à aucun signe.
Elle m’a surtout dit combien la rendait triste le fait que de nombreux jeunes
en aient honte, à tel point qu’ils refusent de la parler.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">« Je tente de leur expliquer que c’est notre langue,
davantage que l’espagnol, arrivé avec les colonisateurs, mais ils ne
comprennent pas à quoi sert d’avoir une conscience historique, ni combien le
Quechua dit mieux de nombreuses choses nous reliant à notre terre et à notre
culture. »</span></i></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><o:p></o:p>Elle a continué en me disant que l’enseignement, ici, est de
plus en plus privatisé, le secteur public perdant chaque année de son attrait
et de sa valeur, que ce soit pour les élèves ou pour les enseignants. Quant aux
deux candidats à la présidentielle en lice au deuxième tour (Keiko, d'origine
japonaise, fille d'Alberto Fujimori, président du pays pendant dix ans,
aujourd'hui en prison pour 25 ans à cause de tous les délits commis quand il
était au pouvoir, et PPK, cousin de Godard, ayant des ascendances polonaises,
allemandes, suisses et françaises), ils ne vont en rien changer quoi que ce
soit à ce niveau-là. Le taux de votes blancs, au premier tour, a frôlé les 20%;
c'est le chiffre officiel, mais il serait plus élevé selon certains. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">- Dans un "collectivo" (petits bus qui sillonnent
les villes), à Ayacucho, j'ai lu, par-dessus l'épaule d'une étudiante, un tract
invitant à voter blanc "contre la farce électorale", pour indiquer
dans les urnes qu'il y a 25 ans qu'une immense partie du peuple ne sent pas
représenté par les gouvernements successifs. -<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">« Alors j’insiste auprès de ces jeunes pleins d’ambition qui
dénigrent le Quéchua, je leur dis que s’ils deviennent avocat, ou peu importe
quelle profession, il y a une partie des personnes qui vivent ici avec
lesquelles ils ne pourront même pas parler. Parce que dans les petits villages,
ici, bien des paysans ne comprennent pas vraiment espagnol. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">J'ai songé alors à la Tunisie, toujours présentée comme
bilingue par ceux qui ont étudié et ceux qui la représentent à l’étranger,
alors que je constate à chaque fois que je vais à Teboulba combien cela
signifie mettre de côté une partie importante de la population, et du coup
l'information qu'ils reçoivent, soit la base d'un système qui se veut
démocratique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">La Tunisie s’est aussi invitée dans mes réflexions quand je
lisais le dernier livre de Juan Marsé, « Esa puta tan distinguida » (« Cette
pute si distinguée », un roman où, comme le dit l’auteur, <i>« rien en lui n'est
ce qui paraît, à commencer par le titre »</i>, qui fait référence à la mémoire). Le
narrateur, qui doit écrire un scénario sur un fait divers datant des années 40,
constate que bien des mots n’étant désormais plus soumis à la censure souffrent
encore de l’interdit qui a pesé sur eux pendant des années. Ils ne parviennent
pas à reprendre un sens qui ne soit pas comme perverti.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">La liberté d'expression, au Pérou, nous a donné l'occasion
de voir une manifestation contre l'autorisation du mariage gay, à Cusco. Au nom
des lois de Dieu, qui a créé des hommes et des femmes pour qu'ils fassent des
enfants, par pour qu'ils se comportent comme des déviants. Étrange de voir ces
personnes, pour une bonne partie en habits traditionnels, défiler pour défendre
des valeurs du Pérou calquées sur une religion qui s'est déversée dans tout le
Continent avec une violence inouïe. Difficile de ne pas être infiniment triste
en voyant des enfants d'à peine cinq ans tentant de porter des panneaux avec
des slogans haineux.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i>"Quand les Espagnols sont arrivés pour défier les
Incas, ils ont anéanti une civilisation qui avait un savoir immense, une
connaissance vertigineuse des constellations et des connaissances fabuleuses en
construction. Les Européens, quant à eux, pensaient encore que la terre était
plate comme une pizza."</i><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">C'est ce que nous a dit, en riant, un guide de haute
montagne rencontré dans une situation plutôt rocambolesque.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Juan Marsé, en introduction de son roman, dit pour sa part
ceci:<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i>"Je suis quelque chose de plus que laïque, je suis
décidément anticlérical. Tant que l'église catholique ne demande pas pardon
pour sa complicité avec la dictature franquiste, me déclarer anti-clérical est
le moins que je puisse faire. Je jouis d'une "clergo-phobie"
salutaire depuis ma plus tendre adolescence."</i><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Lizza Bogado, une chanteuse paraguayenne, est venue en
concert à Lima. Une bonne partie de son répertoire est en guarani, parce que
quantité de choses qu'elle ressent, elle ne peut pas les dire en espagnol.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Tout ceci, à quoi s'ajoutent les slogans des candidats
s'étalant partout, en ville ou à la campagne, sur le moindre centimètre disponible; </span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0ZkXon_8ytGu7DsKEgAIKIOPim82XHnCco2Tc9TTaCZN-jUPX7fuhSqHLmLqjpCBTVWz4yMwsZYKTsZPe2BWxG3o8_cGq7UN_l9l8r8EShnmsHWktnjKRBJ_Wb_K39LwfpCkGgw4RvAo/s1600/Katching+pot+066.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0ZkXon_8ytGu7DsKEgAIKIOPim82XHnCco2Tc9TTaCZN-jUPX7fuhSqHLmLqjpCBTVWz4yMwsZYKTsZPe2BWxG3o8_cGq7UN_l9l8r8EShnmsHWktnjKRBJ_Wb_K39LwfpCkGgw4RvAo/s320/Katching+pot+066.JPG" width="240" /></a></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">eh bien tout ceci, je l'avoue, me donne plutôt envie d'apprendre le
Quéchua que d'approfondir mon espagnol.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Je laisse le mot de la fin à Eduardo Galeano, par
l'intermédiaire d'un des textes brefs de son recueil posthume "El caçador
de historias":<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">« Quand les conquérants espagnols mirent pour la première
fois le pied sur les sables de Yucatán, quelques natifs sortirent à leur
rencontre.<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Selon ce que conta le frère Toribio de Benavente, les
Espagnols leur demandèrent, en langue castillane :<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i> </i>- Où
sommes-nous ?!? Comment s’appelle cet endroit ?!?<i><o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Et les natifs répondirent, en langue maya yucatèque :<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></i>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i> </i>- Tectetán,
tectetán.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Les Espagnoles entendirent :<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></i>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i> </i>- Yucatán,
Yucatán.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Et depuis lors, ainsi s’appelle cette péninsule.<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Mais dans leur langue, les natifs avaient dit :<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i> </i>- Je ne te
comprends pas, je ne te comprends pas.<i> »</i></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i><br /></i></span>
<div class="MsoNormal">
<o:p></o:p></div>
</div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-57551786328407596422016-05-15T06:25:00.000-07:002016-05-15T06:25:07.235-07:00un regard à quoi accrocher ses paroles<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i>« C’est seulement
la soupe que je n’aime pas. »</i> Il faisait de grands gestes des bras,
agitait l’ensemble de son corps avec une certaine grâce. Buvait de temps en
temps une gorgée, mordait dans son <i>bocadillo</i>.
Il avait tout un public pour lui, mais personne ne lui prêtait attention,
chacun était occupé à manger ses tapas et à se désaltérer.</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i><br /></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i>« C’est seulement la soupe que je n’aime pas. »</i> Il répétait ça un
peu comme un mantra, cherchant un regard à quoi accrocher ses paroles. Mais
non, rien, personne, elles continuaient de se noyer dans son pichet de plus en
plus vide, de rejoindre les miettes éparpillées autour de son assiette. Lui
semblait ne pas s’en préoccuper. Ses mots pouvaient bien aller s’échouer où bon
leur semblerait, tant qu’on ne lui donnait pas de soupe, il pourrait continuer
sa chorégraphie sans grande contrariété.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">On en a croisé plusieurs comme ça, dans un état de
décrépitude plus ou moins avancé. Faut dire aussi qu’on les cherchait un peu, à
force de n’entrer que dans des cafés avec vues sur le passé.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">J’ai pris comme toujours un malin plaisir à zigzaguer à pied
dans des zones relativement excentrées, observant et flairant ce qui se
laissait capter, m’asseyant longuement sur bancs et terrasses avec un journal
ou un livre en guise de coussin (au propre) ou de couverture (au figuré). <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">J’ai aussi regardé des bouts de match, notamment la
demi-finale entre le Bayern et l’Athlético, dominée outrageusement par des
Allemands brillants et inspirés, sans succès. Deux jours plus tard, un chroniqueur de
« La Vanguardia » rappelait combien il est vain de demander au foot
que la justice soit respectée. Selon lui, quels que soient les choix tactiques
opérés, ce qu’il faudrait se demander, étant donné qu'on n’est jamais sûr de gagner,
c’est plutôt comment on aimerait perdre. </span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Je me suis dit que dans le voyage, on était donc privilégiés, puisqu'il y a une manière simple, si ce n’est de
gagner à chaque fois, pour le moins de ne jamais se perdre: il s’agit simplement de ne pas savoir où l’on veut aller. Même si à ce petit jeu-ci la manière compte aussi.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">C’est sur ce principe qu’on a commencé à chercher deux
billets pour traverser la Gouille Atlantique, et qu’on s’est retrouvés à en
imprimer pour le Pérou, parce que finalement Trujillo, on s’est dit que
c’était sans doute un excellent endroit pour se promener sans attentes
particulières.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Eduardo Galeano, qui était un grand amateur de football,
rappelle, dans son introduction aux «Enfants des
jours », que les Mayas estimaient que c’est le temps qui fonde l’espace,
pas l’inverse. J’ai donc été très content quand Vale m’a dit qu’elle ne
trouvait pas Lima, dans les fuseaux horaires. Et puis de toute façon, comme on
a décidé de le prendre, le temps, à nous de modeler notre environnement et notre
manière de nous y fondre. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Galeano ajoutait qu’il était certain que chaque
journée recelait au moins une bonne histoire.</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: trebuchet ms, sans-serif;">Le premier jour de notre arrivée, je suis allé la chercher en courant, la fleur-au-fusil (ou disons le sourire-au-basket), comme à mon habitude. J'ai visé la mer, confiant. Puis, petit à petit, je me demandais si c'était vraiment une bonne idée d'être là où je me trouvais. Il y avait quand même beaucoup de chiens et pas tellement d'être humains. Alors j'ai fait demi-tour, l'air de rien,</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: trebuchet ms, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: trebuchet ms, sans-serif;"><i>- Ne panique pas, couillon, autrement ils vont sentir que t'as les chocottes et s'exciter d'autant plus -</i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: trebuchet ms, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: trebuchet ms, sans-serif;">et suis reparti en direction de notre appartement. J'avouerai tout de même avoir ressenti un certain soulagement quand la zone des clébards zonards n'était plus qu'un souvenir poussiéreux dans ma tête de téméraire de la foulée urbanistique.</span></div>
</div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-9140098244495650306.post-47423132991371011712016-04-28T05:51:00.000-07:002016-05-08T04:28:07.262-07:00Pourquoi, vous nous visiez?!?<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">"Alors, m'sieur, on va contre l'hiver ou contre l'été?!? On sait plus, on va encore avoir de la neige et des merdolées, vous verrez. C't'année, c'est pas la première, tout est sens d'ssus d'ssous."</span></i><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">La scène se déroulait dans un tea-room de Vevey un peu défraîchi, le vieux gaillard était sur le départ.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i><br /></i>
<i>"J'voulais vous donner kèkechose, parce que vous le méritez. J'étais sûr que j'avais 50 centimes en poche, mais rien; encore un coup du Diable."</i></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Sa silhouette bossue, goutte au nez, était chapeautée d'un "Loupo" militaire servant normalement aux longues marches ou veillées d'hiver. Il s'en allait, scandant son avancée laborieuse à petits coups de béquilles.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2MZPdcZm9rNNFa0TtWylaZ06kU0lDWg5ksjhhRU5LnByuc2FgbaawmJZmtUxoxw23kBN9rLlhRdzlE7vvBTfHMXYPQ1l-EKTEsSS0-UqaACiYPnCrn14vV_S7k3bXlrsmdXm0ZDxNORE/s1600/Katching+pot+202.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2MZPdcZm9rNNFa0TtWylaZ06kU0lDWg5ksjhhRU5LnByuc2FgbaawmJZmtUxoxw23kBN9rLlhRdzlE7vvBTfHMXYPQ1l-EKTEsSS0-UqaACiYPnCrn14vV_S7k3bXlrsmdXm0ZDxNORE/s320/Katching+pot+202.JPG" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">C'était une de mes dernières matinées dans le coin, c'était dimanche et j'avais copié dans mon petit carnet quelques lignes de la chronique de Gallaz, dégotées en survolant Le Matin; il y déplorait les <i>"représentations obsessionnelles du cadrage et de la cible qui règnent de nos jours à l'échelle de la planète." </i><i> </i></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i><br /></i></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYRFUAUmQ2FNXW-cELfb0xaEshZvuagmQXe4L8hu7W5PBpQIlS9UIY_Ory5iauWT9RA7Hj6oQPIBVuzVMM0bo3P_SaTKFyb7Sw_FBDsZGex6cM8lT6T2R5FnNo70iz4WixoyFVNXOkJwg/s1600/Katching+pot+088.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYRFUAUmQ2FNXW-cELfb0xaEshZvuagmQXe4L8hu7W5PBpQIlS9UIY_Ory5iauWT9RA7Hj6oQPIBVuzVMM0bo3P_SaTKFyb7Sw_FBDsZGex6cM8lT6T2R5FnNo70iz4WixoyFVNXOkJwg/s320/Katching+pot+088.JPG" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Sortir du cadre et de la cible, voilà ce qui se profilait pour Vale et moi; et puis cette histoire de cadre et de cible, ainsi que </span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">les adieux émus que nous allions enchaîner, tout ceci me fait penser à Bashung: </span><br />
<i style="font-family: 'trebuchet ms', sans-serif;"><br /></i>
<i style="font-family: 'trebuchet ms', sans-serif;">"Je t'ai manqué? Pourquoi, tu me visais?" </i><br />
<br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">C'était le 20 mars, une semaine après, on filait en Italie, où on a virevoituré trois jours avant d'embarquer pour la Tunisie, à Civitavecchia, la ville où Stendhal a été Consul de France, la ville où il a commencé à écrire plusieurs livres qu'il n'a jamais terminés. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">La ville où j'ai pu, pour ma part, enfin remettre mes sandales tant aimées.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY4v19Urjco8tZlBbPJKA4MQ3tUV7S9xfxYRAjUj4ZYrGnN90ANGOrxPFzaodLCFlUcCsFReD-4YtESYyhaWutXDc7NykHYznmvoqGD8HpYFP-Li112AdKohopHnWxj8SkVoSDSFLitZQ/s1600/Katching+pot+099.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY4v19Urjco8tZlBbPJKA4MQ3tUV7S9xfxYRAjUj4ZYrGnN90ANGOrxPFzaodLCFlUcCsFReD-4YtESYyhaWutXDc7NykHYznmvoqGD8HpYFP-Li112AdKohopHnWxj8SkVoSDSFLitZQ/s320/Katching+pot+099.JPG" width="240" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">On avait opté pour la traversée en bateau depuis ce port situé pas très loin de Rome pour des raisons budgétaires, mais aussi pour tester nos matelas gonflables achetés en vue de nos périples outre-Atlantique. Comme je suis un champion du monde qui ne se refait pas, le mien était resté à Champagne. A l'heure de dormir, je me suis donc improvisé de quoi m'isoler un chouilla du sol ma foi bien froid, puis me suis recouvert les yeux avec un T-shirt, histoire d'échapper à une lumière plutôt agressive.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">La nuit a un peu remué le bateau, ou l'inverse; le dodo a été approximatif et fugitif. Levé à l'aube, je n'ai pas manqué d'être impressionné par la petite assemblée, en retrait, en train de prier près d'un miroir. Je les regardais d'un œil, de l'autre je lisais<i> "A quoi bon la révolution si je ne peux danser"</i>, d'Ece Temelkuran. Assez vite, dans le roman, une des protagonistes, une jeune danseuse tunisienne, déplore le fait que, tyran au pouvoir ou pas, le religieux se fait toujours sentir de tout son poids, et il y a encore bon nombre de cafés où elle n'a pas le droit d'aller, et puis sa famille rêve de la voir mener une vie normale, à savoir se marier et blablabla. </span><br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWxkZ3BektshY36Xbulc94QS30AutQIXbjO9D56a_Nh8oD2Hhu7qwLVPtnKIw3CghAxP0fy6c4nZ9wdAVO9zKOrhLzBsttzlgRQFsJe0586OKbSBhJiX-fviNPl_B9EIxFDbJ5NNEae20/s1600/Katching+pot+118.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWxkZ3BektshY36Xbulc94QS30AutQIXbjO9D56a_Nh8oD2Hhu7qwLVPtnKIw3CghAxP0fy6c4nZ9wdAVO9zKOrhLzBsttzlgRQFsJe0586OKbSBhJiX-fviNPl_B9EIxFDbJ5NNEae20/s320/Katching+pot+118.JPG" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">On entendra, pendant et après notre séjour, des échos très différents au sujet de la contre-révolution. Il suffit de quelques discussions et d'un peu de sens de l'observation pour balayer les synthèses proposées un peu partout, qu'elles soient manichéennes ou pas.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Ça, c'est pour le côté de la réflexion; pour ce qui est des émotions, me concernant, je suis sur place très vite une espèce de cabinet de curiosités oscillant entre anxiété, amusement et désolation.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">D'ailleurs, à peine arrivés à Tunis que déjà Vale </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i>"J't'ai jamais vu comme ça."</i> </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">constatait l'état étrange dans lequel me met ce pays, comme fermé sur moi-même à trouble tour, incessamment aux aguets. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">On était à la Goulette, où mon beau-frère allait venir nous récupérer; j'avais de la peine à profiter de la vue sur la mer qui, nous bordant, me débordait. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Le lendemain, cap sur Teboulba. Cette bourgade, où mon père a grandi, est l'antithèse du terme "accueillant". Un village de pêcheurs devenu une petite ville industrielle peuplée de regards peu bienveillants.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Nous y sommes restés une petite semaine, entre lectures, pseudo-mariage et vadrouilles-express; Vale prenant de plein fouet ce que c'est que de sentir absolument étranger quelque part. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_mK_L5sYREifw1M3DqaBSFt4APBrxWHolHKSQkLPsPFUo-f9Ts2ZFPjy7IvE34dfRRIE8axzDQ3LImi_MIYJmSL9ErdPCUzhJIpfmRjSzfGRfsmOmET4uCpRYluGTTKrBN0nQW2dbazM/s1600/Katching+pot+143.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_mK_L5sYREifw1M3DqaBSFt4APBrxWHolHKSQkLPsPFUo-f9Ts2ZFPjy7IvE34dfRRIE8axzDQ3LImi_MIYJmSL9ErdPCUzhJIpfmRjSzfGRfsmOmET4uCpRYluGTTKrBN0nQW2dbazM/s320/Katching+pot+143.JPG" width="320" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Et puis découvrir Sousse, en avril, sans touristes, avec tout juste quelques échoppes ouvertes, dans la médina, voilà qui n'améliorait pas la morosité ambiante.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaD1VUDy-rckOYEKs_mT8YbFc5Fez1QCxKayz9Fb3_1BHzOIDtK1X27X9TYmC6SWEy7Aw7sp3gMFXfdviREUBcLHwComMF_shgBlexWKoExoE4jW5RhfcMtX5j3mvoxqusQg4Ypxn830w/s1600/Katching+pot+127.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaD1VUDy-rckOYEKs_mT8YbFc5Fez1QCxKayz9Fb3_1BHzOIDtK1X27X9TYmC6SWEy7Aw7sp3gMFXfdviREUBcLHwComMF_shgBlexWKoExoE4jW5RhfcMtX5j3mvoxqusQg4Ypxn830w/s320/Katching+pot+127.JPG" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">On a fini notre séjour tunisien à Tunis, chez un de mes cousins. Il a eu la bonne, que dis-je? l'excellente idée de nous emmener pas très loin de Bizerte, où la nature verdoyante et des autochtones plus sereins ont contrasté joyeusement avec les heures parfois pénibles vécues auparavant.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">On a repris la bateau avec la confirmation, pour moi, de cet étrange goût en souche, quand je me retrouve du côté paternel de mon sang. Réussirai-je un jour à nouer avec cette terre une certaine complicité? J'allais écrire "évidence", mais évidence il y a, et, de toute évidence, cela ne suffit pas. Il faudra(it) la langue, peut-être. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Ou plus modestement m'en remettre aux propos de cet ami, qui m'a écrit </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">-</span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"> Je lui avais envoyé de Teboulba un poème traduit du portugais.</span></span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"> Il s'agissait d'</span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">une adresse à ses livres de Manuel Antonio Pina; il leur y dit entre autres ceci: "</span><i>Vous me prenez donc par la main, comme nous prennent </i></span><i style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">par la main les enfants: sans s'en apercevoir."</i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"> - </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">ne pas croire à la réconciliation avec soi dans son entier, que se tolérer suffisait largement.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin3hKOKPwT-wfH6Lx8oPokCFd85k7-LsphUxk7N0-6vnPTFJqJL62uY7hGm0c7phpuGSZdZdvTrwdSwegSLxvoBf_dCwF4QwZGBfl3mZOYzntiFVt24Cp15PKvuud4kpSM3fEZ44-iTAo/s1600/Katching+pot+207.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin3hKOKPwT-wfH6Lx8oPokCFd85k7-LsphUxk7N0-6vnPTFJqJL62uY7hGm0c7phpuGSZdZdvTrwdSwegSLxvoBf_dCwF4QwZGBfl3mZOYzntiFVt24Cp15PKvuud4kpSM3fEZ44-iTAo/s320/Katching+pot+207.JPG" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i>"Ensuite, c'est un subtil équilibre à trouver entre la haine et l'ironie. Entre le combat et la grâce."</i> C'est Joseph Incardona qui note ça dans <i>Permis C</i>. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Pas dans le même contexte, encore que.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4r_v-9Bnmf3aD-UY7trp8f3aDT8quhhwexbf8BqFB2QV0r5s-Kaxeg5XSsBi8hqphKDAwXjqsTnJUvgRulCuxPoJOrrvbrBPzTmFrgxSnkXvvGS07vwRl_NkMThcbAFYMtpGMybBMys8/s1600/Katching+pot+210.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4r_v-9Bnmf3aD-UY7trp8f3aDT8quhhwexbf8BqFB2QV0r5s-Kaxeg5XSsBi8hqphKDAwXjqsTnJUvgRulCuxPoJOrrvbrBPzTmFrgxSnkXvvGS07vwRl_NkMThcbAFYMtpGMybBMys8/s320/Katching+pot+210.JPG" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">De retour en Suisse, il y a eu les derniers souffles, dans la configuration estampillée 2015-2016, du "goût de l'ignorance", un projet qui me tient tout particulièrement à cœur, et à propos duquel j'espère réussir à griffonner quelque chose.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Vendredi 22 avril, je prenais le train pour Paris, où j'avais envie de voir des personnes que j'aime, puis faisais un crochet par Bruxelles et Liège, pour les mêmes raisons. </span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6I_So_j2wg6jSpYctAuGX-8OAh6gBKFqI8XJmfR-BgyTim9_CMV1sJYt-SUfL7wAqXgSjqwTM2LgJFiQYF5wUkBoA0eGMQhrv_W0GmXLZCCCqsKA5XBnYoy2ls3P_eyIpdaIk05KJNys/s1600/DSCN2146.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6I_So_j2wg6jSpYctAuGX-8OAh6gBKFqI8XJmfR-BgyTim9_CMV1sJYt-SUfL7wAqXgSjqwTM2LgJFiQYF5wUkBoA0eGMQhrv_W0GmXLZCCCqsKA5XBnYoy2ls3P_eyIpdaIk05KJNys/s320/DSCN2146.JPG" width="320" /></a></div>
<br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">A côté de moi, quand je me rendais en Belgique, une fillette de 5 ans, qui dessinait un chat. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i>"T'as vu, y dort comme mes feutres, quand j'les utilise pas?!?"</i> m'a-t-elle annoncé. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">J'ai pensé à la petite Nora, qui prétend que je suis "dzimboum", parce que je dis toujours des bêtises. J'ai pensé à tous les migrants dormant dehors, à Paris; je me suis demandé s'ils dessinaient, quand ils étaient des enfants. Je me suis demandé s'ils avaient eu l'occasion d'être des enfants. Je me suis demandé comment ils faisaient pour ne pas devenir vraiment dzimbadaboum.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEyTDW8cqb0UqX391t-pcPMIxvlz02o5-iNPOn5DHxwKg-ccW-OeHdgLow3GWAM-0dp2x8qWI4xlWunLN8nd1xnlSsB6gcJLYzUvW7o0QJXMJMjnnsJXqhQEyqrMOZ1PAE_PbO3OnlF8E/s1600/DSCN2140.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEyTDW8cqb0UqX391t-pcPMIxvlz02o5-iNPOn5DHxwKg-ccW-OeHdgLow3GWAM-0dp2x8qWI4xlWunLN8nd1xnlSsB6gcJLYzUvW7o0QJXMJMjnnsJXqhQEyqrMOZ1PAE_PbO3OnlF8E/s320/DSCN2140.JPG" width="240" /></a></div>
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></i>
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">"Alors, m'sieur, on va contre l'hiver ou contre l'été?!? On sait plus, on va encore avoir de la neige et des merdolées, vous verrez. C't'année, c'est pas la première, tout est sens d'ssus d'ssous."</span></i><br />
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></i>
<br />
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></i>
<br />
<div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF2ph396ToONbSER-3LPwJI-jGTpYIuVCHCpYljooaVaK0L6BKgUs8kQA6n8mF_2bX6PDYmI3LT68jYXQWP2F32hpiQDlfpcgc6ra1tQbo0E0_zPNdj_yrsSHnMVhy34fm9-FSOQVROks/s1600/DSCN2164.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF2ph396ToONbSER-3LPwJI-jGTpYIuVCHCpYljooaVaK0L6BKgUs8kQA6n8mF_2bX6PDYmI3LT68jYXQWP2F32hpiQDlfpcgc6ra1tQbo0E0_zPNdj_yrsSHnMVhy34fm9-FSOQVROks/s320/DSCN2164.JPG" width="240" /></a></div>
<i><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></i></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">M'est souvent revenu en tête le drôle d'oiseau de Vevey, parce que pour ce qui est des "merdolées", j'ai été servi, surtout chez les compatriotes du grand Jacques; même eu le droit à des intermittences de grêle. Et puis quelques scènes ne débordant pas de joie de vivre.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><i>"J'ai tellement difficile à marcher, j'aimerais mieux mourir demain. A quoi je sers?!? Rien. Qu'est-ce que je sens, qu'est-ce que je goûte?!? Rien. L'autre jour, mon chien a pissé sur mon lit, eh ben j'ai même pas senti. Vous trouvez que c'est une vie?!?."</i></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Elles étaient quatre, vraisemblablement nées pendant l'entre deux-guerres, à s'arroser généreusement le gosier. Je mangeais en solo dans un troquet liégeois. Peu avant, une avait balancé <i>"Aide ton voisin, y t'chie dans la main."</i></span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhswN3IkBjU2pMWD5uUF8lK49ecxHiKvuXzOfNLyUkzBMbyHosIN0eSKiJXs5cn7ktlwASI0iIVtKeSo7dTdNim9k9w8K3PINTl5Twu_OtlwnYKWoKyXSYixFRo0w1eITzobx-rwuIbGzo/s1600/DSCN2143.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhswN3IkBjU2pMWD5uUF8lK49ecxHiKvuXzOfNLyUkzBMbyHosIN0eSKiJXs5cn7ktlwASI0iIVtKeSo7dTdNim9k9w8K3PINTl5Twu_OtlwnYKWoKyXSYixFRo0w1eITzobx-rwuIbGzo/s320/DSCN2143.JPG" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Il y a un peu de cette grisaille, dans "Les habitants", de Raymond Depardon, que j'ai eu la chance d'aller voir au Louxor en présence de son auteur (Merci Manel). Il a invité des personnes, dans différents lieux en France, à venir continuer la discussion qu'ils étaient en train d'avoir en extérieur dans une caravane. Une caméra discrète recueillait alors leurs échanges pendant une trentaine de minutes. Aucune indication n'était donnée, aucune question posée. Le résultat ne se veut pas exhaustif de quoique ce soit, mais la tonalité d'ensemble n'est pas folichonne, loin s'en faut. Et l'aperçu sur les rapports hommes-femmes est carrément affligeant, peu importe l'âge des protagonistes.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Après ce nouveau petit crochet parisien, j'ai décidé de prendre le bus pour Barcelone, où m'attendaient les bras, les sourires et les premiers mots en espagnol de Vale.</span><br />
<br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzrnHu5q_eUJxhJfJxwP9ai-BRNgNVQRLzoTA7QH9EI4qtDbnmB3BfktYtLmmLsW2XdkVgQZDjsT-i8LVdP3i5Br2MpfrYXQ9478Lcj-vI_gFsMbPPikAtPMKedF0hfGmEUvM0E0QLmzM/s1600/DSCN2169.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzrnHu5q_eUJxhJfJxwP9ai-BRNgNVQRLzoTA7QH9EI4qtDbnmB3BfktYtLmmLsW2XdkVgQZDjsT-i8LVdP3i5Br2MpfrYXQ9478Lcj-vI_gFsMbPPikAtPMKedF0hfGmEUvM0E0QLmzM/s320/DSCN2169.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Grâce à super Patri, on a vite été accueillis par un couple fabuleux </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">- madame parle beaucoup, beaucoup, beaucoup; monsieur </span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">(il a quelques chose de Clint Eastwood)</span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">, plus en retrait, observe, sourit, balance parfois une remarque avec une voix qui en impose d'emblée, puis retourne à un silence joyeux et attentif -,</span><br />
<br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">qui habite dans le quartier de Carmel, où se passent presque tous les romans de Juan Marsé, un écrivain espagnol, contemporain de la Cri-Cri, dont l'oeuvre est une de celles qui ont marqué durablement la deuxième moitié du siècle dernier, ainsi que l'entame de celui-ci.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4g9-W0Iapb3ES-Q6eXjLAfKqlEb43e7Bw4jqVhwfcOYRTCC3OYJLt5l2vbUaiyx5JCgQ-MNl2qV94UOIO_I7xSBTWSsn7X_whX-8sdbuLEb5PLigbl5sZashFZXKTXSuMovc-saITbXY/s1600/DSCN2170.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4g9-W0Iapb3ES-Q6eXjLAfKqlEb43e7Bw4jqVhwfcOYRTCC3OYJLt5l2vbUaiyx5JCgQ-MNl2qV94UOIO_I7xSBTWSsn7X_whX-8sdbuLEb5PLigbl5sZashFZXKTXSuMovc-saITbXY/s320/DSCN2170.JPG" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Il raconte avoir un "besoin physique" de ces collines ("montatitas" nous a dit Meri), des images et des histoires qui y sont liées; sans elles, impossible d'écrire, comme il l'a constaté lors des deux ans passés à Paris dans sa jeunesse.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcMWY4S4vyO2lklDIs4Jl70VrrGIQSe701MXn-nipNkhFqF2vVGfx3VGdtp1h670NPBy0OCGFzGdXMt1c4GJ7O9DCWEuqJ8u0Myo5EDuDAYmtMwFjaBbFa9ffsBVQ0GjfSJhLExQJfzqo/s1600/Katching+pot+056.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcMWY4S4vyO2lklDIs4Jl70VrrGIQSe701MXn-nipNkhFqF2vVGfx3VGdtp1h670NPBy0OCGFzGdXMt1c4GJ7O9DCWEuqJ8u0Myo5EDuDAYmtMwFjaBbFa9ffsBVQ0GjfSJhLExQJfzqo/s320/Katching+pot+056.JPG" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Et moi, </span><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">besoin de quoi pour </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">manger moins vite</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">aboutir un de mes chantiers de traduction</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">réussir à rester quelque part</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">enrober le pied-du-jura dans un papier de mots et d'amour contrarié</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">parler plus fort</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">dessiner ces racines mystérieuses que le Portugal a plantées dans ma poitrine</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">jouer plus souvent au ping-pong</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">sourire tranquillement à mes incompatibilités avec l'autre côté de la méditerranée</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">devenir papa</span><br />
<br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">?!?</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Besoin de sentir ce Paraguay qui a tant chamboulé le Georgy, mon grand-papa de Champagne?!? Besoin de vivre un peu de l'Argentine et de ses stades mythiques?!? Besoin de manger du ceviche dans un troquet péruvien?!? Besoin de me fantasmer ouvrant un café-littéaire à Valparaíso?!? </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Je ne crois pas, non. Tout est là, dans le regard, le cœur et au bout des doigts. Alors quoi?!? Alors profiter de notre envie d'aventures partagées, avec Vale, pour continuer d'aiguiser notre curiosité, nourrir notre empathie et notre capacité à ne pas regarder une situation avec des œillères.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXAmfNqwR_OTfpcfjx-6a6pO9yDRt1t2qXhXrAkVE1HVLvHWaK8IkD-iYKD57PaxhYrbZJGmqxY4lQwhu53Q1UjCebAbR6-E_n2VZf_UA_TnCcUms94QjFUumyzYY1sjBHSHDAuRIOTh4/s1600/Et+pourquoi+pas+Bar%25C3%25A7a+049.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXAmfNqwR_OTfpcfjx-6a6pO9yDRt1t2qXhXrAkVE1HVLvHWaK8IkD-iYKD57PaxhYrbZJGmqxY4lQwhu53Q1UjCebAbR6-E_n2VZf_UA_TnCcUms94QjFUumyzYY1sjBHSHDAuRIOTh4/s320/Et+pourquoi+pas+Bar%25C3%25A7a+049.JPG" width="240" /></a></div>
<br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">J'en reviens toujours à Gonçalo M. Tavares, pour qui chaque livre représente quelques grammes de lucidité. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Il lit pour se rapprocher toujours un peu plus de son propre poids. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Mais attention, ajoute-t-il, si vous croyez que la lucidité signifie comprendre le monde qui vous entoure, pour moi (lui), c'est exactement le contraire.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Alors voyager pour les mêmes raisons, pour prendre soin de notre multiplicité, pour accepter que le réel est infiniment compliqué et que quantité de réalités y sont imbriquées.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Il y a cela à transmettre, entre 1001 autres merveilles et questions en cascades. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Accepter de dire "je ne sais pas".</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Refuser les généralités. </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Refuser de dire "les gens". </span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">"Les gens" n'existent pas.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">De minuscules géants, oui, par contre, beaucoup; gageons qu'on va en rencontrer quelques uns.</span><br />
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpO74TNYiVlUZdlJeUhS7WtthiDNwnxL8XJKCowVIw7Sx6lsubAKZiqGzuJcxZetVILcYYbRQ0VNlxDcUK5qN1SB1eYB0cEHDc0gLRwhCurN30EWDkkQH5lX9a6LIXySpR_EX59B_dKzk/s1600/DSCN2174.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpO74TNYiVlUZdlJeUhS7WtthiDNwnxL8XJKCowVIw7Sx6lsubAKZiqGzuJcxZetVILcYYbRQ0VNlxDcUK5qN1SB1eYB0cEHDc0gLRwhCurN30EWDkkQH5lX9a6LIXySpR_EX59B_dKzk/s320/DSCN2174.JPG" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><br /></span></div>
katchhttp://www.blogger.com/profile/04307236354937116853noreply@blogger.com0