Alors que je me rendais à Fribourg, j'ai vu, fasciné comme à chaque fois, des dizaines et des dizaines de mouettes volant sur un champ en train d'être retourné par un tracteur; une note maritime en ces contrées terriennes.
Le lendemain, alors que je lisais "Graines", de François Rossel (un livre de 1985, que j'avais dans un premier temps dû découper avec mon couteau suisse, un plaisir insolite que j'affectionne tout particulièrement), j'ai souri en lisant ceci, dans la section sobrement intitulée "mouettes":
"A peine la terre
est-elle offerte
Cueillir au petit matin, dans un vieux tea-room charmant, quelques lignes conversant avec mes émerveillements récents, voilà qui a à chaque fois une saveur un peu miraculeuse.
Parlant saveur, la Cri-Cri s'est ramené du marché deux beignets; deux beignets qu'elle a tout d'abord regardés amoureusement, dans la vitrine de cette vieille boulangerie d'Yverdon, "chez Martin", où elle aime tant aller s'acheter un pain noir à l'ancienne.
En début d'après-midi (elle avait mangé le premier avec du thé, à notre retour au bercail, histoire de chasser un peu plus loin ce froid qui nous avait transpercé la carcasse), Bernard a cherché son deuxième trésor, pour la taquiner. En vain.
"Non mais j'y crois pas, tu l'as quand même pas planqué!!!"
"Vous pouvez pas vous rendre compte ce que ça m'fait, ces beignets. A peine une morce et j'suis de nouveau dare-dare en enfance."
Un peu plus tard, alors qu'elle allait s'allonger pour siester un moment, elle m'a demandé de ne pas jeter le reste de café, qu'elle s'en réchaufferait une tasse plus tard.
"Est-ce que c'est dans mes habitudes de balancer le café, grand-maman?!?"
"Non, je sais bien. Qu'est-ce que tu veux qu'j'te dise, je suis "itérative", pour reprendre un mot qui apparaît tout le temps dans mes mots-croisés.
Bon, sur ce, foutez-moi la paix, je vais roupiller un moment."
Dans la section "neige" du livre de François Rossel, il y a aussi ce flocon-ci:
"Sans hâte
- les saisons sont patientes -
la terre se recouvre
et nous laissons les mots
appliqués que nous sommes
à ne pas avoir froid."
Le lendemain, alors que je lisais "Graines", de François Rossel (un livre de 1985, que j'avais dans un premier temps dû découper avec mon couteau suisse, un plaisir insolite que j'affectionne tout particulièrement), j'ai souri en lisant ceci, dans la section sobrement intitulée "mouettes":
"A peine la terre
est-elle offerte
- une terre grasse
laissant à toute bribe,
toute poussière,
le risque, la chance
de l'éclosion -
qu'une horde affamée
défriche sa nudité,
arrachant à ses plaies
les moindres restes."
Parlant saveur, la Cri-Cri s'est ramené du marché deux beignets; deux beignets qu'elle a tout d'abord regardés amoureusement, dans la vitrine de cette vieille boulangerie d'Yverdon, "chez Martin", où elle aime tant aller s'acheter un pain noir à l'ancienne.
En début d'après-midi (elle avait mangé le premier avec du thé, à notre retour au bercail, histoire de chasser un peu plus loin ce froid qui nous avait transpercé la carcasse), Bernard a cherché son deuxième trésor, pour la taquiner. En vain.
"Non mais j'y crois pas, tu l'as quand même pas planqué!!!"
"Vous pouvez pas vous rendre compte ce que ça m'fait, ces beignets. A peine une morce et j'suis de nouveau dare-dare en enfance."
Un peu plus tard, alors qu'elle allait s'allonger pour siester un moment, elle m'a demandé de ne pas jeter le reste de café, qu'elle s'en réchaufferait une tasse plus tard.
"Est-ce que c'est dans mes habitudes de balancer le café, grand-maman?!?"
"Non, je sais bien. Qu'est-ce que tu veux qu'j'te dise, je suis "itérative", pour reprendre un mot qui apparaît tout le temps dans mes mots-croisés.
Bon, sur ce, foutez-moi la paix, je vais roupiller un moment."
Dans la section "neige" du livre de François Rossel, il y a aussi ce flocon-ci:
"Sans hâte
- les saisons sont patientes -
la terre se recouvre
et nous laissons les mots
appliqués que nous sommes
à ne pas avoir froid."